Editorial : Halte à l’intolérance religieuse !

Moïse DOSSOUMOU 24 juillet 2014

L’arrondissement de Godomey est en ébullition. Depuis un certain temps, les adeptes du culte vodoun et les fidèles de l’Eglise catholique de Jésus-Christ de Banamè s’affrontent. Une altercation mineure qui aurait pu être évitée si la raison avait prévalu sur la passion a ravivé les anciennes querelles. D’escalade en escalade, la tension qui couvait tel un feu sous la cendre amassée a fini par embraser toute la localité. Ces derniers jours, les adeptes du culte vodoun, visiblement remontés contre les responsables de l’Eglise de Banamè, se sont montrés désormais disposés à prêter flanc aux provocations.
Hier, ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. De retour d’un voyage et portée en triomphe par les siens, Parfaite dite Daagbo, fondatrice de l’Eglise incriminée n’a rien pu faire pour éviter l’affrontement. Les blessés graves enregistrés dans les deux camps renseignent sur l’ampleur des rivalités. La police, débordée par la hargne des manifestants, a dû faire usage de gaz lacrymogène et de tirs de sommation pour ramener l’ordre. Voilà à quoi se résume, à l’heure actuelle, la situation des habitants de Godomey, l’arrondissement le plus peuplé du Bénin, exposés à des risques d’attaques en provenance des deux camps en conflit.
Et pourtant ! La liberté et la tolérance religieuses sont des acquis au Bénin. Depuis des lustres, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, diverses communautés religieuses cohabitent sans franchir le seuil de la provocation. La manifestation du droit à la différence ne saurait être un vœu pieux, mais une réalité partagée par tous. Tout le monde n’est pas appelé à partager la même foi. Il faudrait donc faire preuve d’un minimum de maturité et d’ouverture d’esprit lorsqu’on se retrouve en face de personnes qui ont des vues différentes des siennes. La liberté de culte n’est pas un objectif à atteindre. C’est plutôt une attitude à adopter.
Cet énième conflit qui met encore aux prises les fidèles de Banamè à ceux d’autres confessions religieuses, interpelle les pouvoirs publics. Aussi, est-il du devoir des responsables religieux d’éduquer la foule des croyants à la promotion de la tolérance et du respect de la liberté religieuse. Ce sont des principes forts qui méritent d’être acceptés par tous quant à leur application. Car, comme l’enseigne cet adage, « la paix n’est pas un vain mot, la paix c’est un comportement ». L’Unesco dira mieux dans son acte constitutif en ces termes : « Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ».



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