Editorial : Interdits pour campagne !

Angelo DOSSOUMOU 11 avril 2019

Le Code électoral en ses Articles 64 et 65 l’a prévu. Une indiscrétion de la Marina fait savoir que le président Patrice Talon y veillera personnellement. Comme d’habitude, l’utilisation des attributs, biens ou moyens de l’Etat aux fins de la campagne électorale est proscrite. Sous peine de sanctions donc, les personnes morales publiques devront se conformer aux dispositions de la loi. Et pour un rappel et des avertissements à ses collaborateurs, le chef de l’Etat fait bien. Car, au Bénin, cette maladie des autorités politico-administratives à confondre le patrimoine de l’Etat au leur à la peau dure. Déjà, malgré les interdits, il ne se passe pas de campagnes électorales sans des dérives notées et déplorées.
Sinon, imaginez un ministre candidat, des moyens roulants appartenant à l’Etat toujours utilisés et une inauguration d’infrastructure programmée au cours de la période visée. Forcément, ce sont des entraves punissables. Malheureusement, ce genre de manquement est récurrent. Plus énervant, nos personnalités rebelles qui se mettent au travers des exigences du code électoral, feignent souvent l’ignorance. Mais pour une fois, au-delà de la loi qu’elles bafouent, il y a non seulement l’œil de la conscience de chacun mais aussi le regard des détracteurs et celui d’un chef exigeant. Avant donc de refermer la page d’une longue précampagne qui a également vu les moyens de l’Etat en évidence alors qu’il est dit que des pratiques sont à bannir six mois avant les élections, que les candidats concernés sachent qu’ils n’ont tout simplement plus droit à l’erreur.
Toujours en ce qui concerne les interdits au cours de cette cruciale période qui démarre demain, il est à souligner que le code électoral ne se focalise pas exclusivement sur les personnalités publiques. Notons par exemple, que l’article 58 limite les meetings et réunions politiques, dans l’espace et le temps. Ainsi, les voies publiques et la tranche horaire de 23h à 7h du matin ne sont pas appropriées pour la campagne électorale. De même, l’ensemble des candidats devrait savoir que les gadgets aux effigies des candidats ne sont pas les bienvenus pendant les deux semaines à venir.
En somme, et au vu du contexte particulier qui a caractérisé le processus électoral en cours, la plupart des Béninois seront regardants sur le déroulement de la campagne et les moyens utilisés de part et d’autres. A première vue, certains peuvent penser que les candidats Républicains et Progressistes ont un boulevard devant eux et qu’ils n’auront pas à trop s’employer avant de gagner leurs sièges au Palais des gouverneurs. Mais erreur. Une guerre tout aussi idéologique que fratricide pointe à l’horizon. Et pour parvenir à leurs fins, les candidats ne lésineront pas sur les moyens. D’où, si les institutions d’observation et les adversaires politiques intègres n’y prennent garde, des choses suspectes et illégales leur passeront sous les yeux. Et, comme au football, quand il y a un but de hors-jeu, sans la vigilance de l’arbitre et le verdict de la Var, le mal sera malheureusement consommé.
En définitive, retenons que demain, sauf rebondissement extraordinaire, les hostilités pour la répartition des 83 sièges à l’Assemblée nationale démarrent. Mais, que nos candidats en lice seuls autorisés, au vu des dispositions légales, à tenir des réunions électorales n’oublient pas qu’ils ont des règles à respecter. Et pour qu’il en soit ainsi et que la lutte contre la corruption électorale soit vraiment effective, que chaque institution joue sa partition. Ce qui est sûr, les avertissements de Talon ne suffisent pas. Il faut qu’un dispositif dissuasif et répressif soit au rendez-vous. C’est une urgence !



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