Editorial : L’équation de l'inondation !

Moïse DOSSOUMOU 1er juillet 2014

Le talon d’Achille des élus municipaux de Cotonou, c’est incontestablement le phénomène des inondations. Naguère limitée à quelques quartiers, cette triste réalité est devenue aujourd’hui la hantise de tous les habitants de cette ville et même des cités environnantes. Abomey-Calavi et Sèmè-Podji subissent aussi de plein fouet les ravages de ce mal cyclique. Impossible d’être citoyen de ces communes sans faire face à l’équation de l’eau. Dès que se mettent à tomber les premières gouttes de pluie, les pensées des populations se focalisent aussitôt sur les désagréments qu’elles auront à subir l’instant d’après. Cette croix devenue difficile à porter au fil des mois et des années fait pourtant partie intégrante du quotidien des habitants de ces cités.
Comment pourrait-il en être autrement lorsque les ménages s’installent comme ils l’entendent avec bien évidemment la complicité des autorités à divers niveaux dont la passivité est le sport favori ? Les schémas directeurs d’aménagement communal n’existent que sur papier. Pour peu qu’une communauté découvre un espace libre, qu’il s’agisse de la terre ferme ou d’un sol marécageux, elle s’y installe aussitôt sans s’entourer des précautions minimales. Cet état de choses a facilité la ruée des ménages vers les zones impropres à l’habitation au nez et à la barbe des diverses autorités qui ne cessent d’encourager cette pratique depuis des années par leur manque de réactivité.
Au Bénin, ce qui devrait être fait en amont en matière d’aménagement des centres urbains ne suscite aucun intérêt. La viabilisation des zones propices à l’habitation avant toute installation humaine devrait être la règle. Ce n’est que par ce procédé que les pouvoirs publics peuvent prévenir les incommodités liées aux inondations et offrir une meilleure qualité de vie aux générations futures. Malheureusement, la règle, c’est le laisser-aller et elle aboutit logiquement à l’anarchie. C’est curieux qu’aucune politique prospective d’envergure ne soit initiée jusqu’ici pour limiter progressivement les effets de ce mal. En témoigne l’inexistence des ouvrages d’assainissement, les caniveaux en l’occurrence dans les nouveaux quartiers à l’image de Zopah à Abomey-Calavi.
Le phénomène des inondations n’est pourtant pas insurmontable. C’est vrai qu’il faut des moyens colossaux pour en venir à bout. Mais ce dont il est question d’abord et avant tout, c’est la volonté politique. Tant qu’elle fera défaut, le calvaire des populations s’accentuera davantage. En attendant le réveil des autorités, l’eau qui se retrouve en territoire conquis ne cessera de perturber la quiétude des ménages. Pendant que Cotonou peine à retrouver ses marques et à donner l’image d’une mégapole attrayante et propre, Lomé s’éveille et force l’admiration.



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