Editorial : L’œuvre salvatrice des 7 sages

Moïse DOSSOUMOU 22 janvier 2018

Elle était très attendue sur ce dossier. Compte tenu de la délicatesse du sujet, d’aucuns avaient tôt fait de la placer face à un dilemme. En réalité, il n’en était rien. Faisant fi de la polémique, du déchaînement des passions et du bruit des vagues mugissantes, la Cour constitutionnelle a tranché. Sans état d’âme, les gardiens du temple ont remis l’Assemblée nationale à sa place. Cette institution, la deuxième du pays, qui du jour au lendemain, s’est découvert des pouvoirs qui ne lui sont pas dévolus, au point de développer des élans liberticides, est désormais priée d’agir dans la stricte limite de ses attributions. Les députés, dont la majorité avait cru devoir agir à leur guise, savent à présent qu’il y a des limites à ne pas franchir. Par le jeu démocratique de l’équilibre des pouvoirs, la DCC 18-001 du 18 janvier 2018 est venue, fort heureusement, remettre les pendules à l’heure.
Si la Cour avait opiné dans le sens contraire, la porte des dérives et des restrictions des libertés aurait été largement ouverte et certains se seraient cru tout permis. Les élus du peuple, dont le premier d’entre eux a avoué qu’ils ont agi avec un pincement au cœur, sont maintenant appelés à rectifier le tir, en ayant la tête sur les épaules. La décision rendue par la Cour est d’autant plus salutaire qu’elle vient renforcer le socle constitutionnel de protection des droits fondamentaux. En effet, le droit de grève est sur le même palier que le caractère inviolable du domicile, la liberté de presse, la liberté d’aller et de venir, la liberté de réunion, de cortège et de manifestation. Valider la suppression du droit de grève à certaines corporations reviendrait à remettre en cause, à un moment ou à un autre, tout ou partie des autres droits fondamentaux énumérés supra.
Maintenant que les pendules sont remises à l’heure, au-delà de la définition des conditions de jouissance du droit de grève, le moment est venu pour que les gouvernants et les partenaires sociaux tiennent un discours de vérité. Un gouvernement sincère, crédible et responsable ne peut susciter chez les syndicats des sentiments d’hostilité. C’est parce que très souvent les décideurs refusent de tenir leurs engagements, c’est parce qu’ils renient leurs signatures, c’est parce qu’ils refusent d’assumer leurs responsabilités, que les travailleurs, longtemps tournés en bourrique, ont recours à la grève. Or, sans l’adhésion des agents publics aux initiatives gouvernementales, aussi pertinentes et impérieuses soient-elles, elles n’aboutiront jamais. Aujourd’hui plus que jamais, le gouvernement devrait travailler à être sur la même longueur d’onde que les travailleurs en renforçant son capital confiance.
Dans le même ordre d’idées, les travailleurs qui viennent d’obtenir une victoire historique, devront mettre un peu d’eau dans leur vin. S’il est vrai qu’ils font de leur mieux pour capter en vain l’attention des dirigeants quant à la satisfaction de leurs revendications, il faut aussi reconnaitre que certains syndicats et centrales et confédérations syndicales abusent du droit de grève. Désormais, l’opinion ne sera plus réceptive aux mots d’ordre de cessation de travail lancés pour un oui ou pour un non. Encore que « dans l’absolu, aucun droit n’est absolu puisqu’il peut être limité quand il entre en conflit avec un autre droit de même valeur juridique ». Aux syndicats qui ont toutes les raisons de crier victoire de savoir raison garder. Il est des moments dans la vie des peuples où la justice l’emporte sur l’abus. C’est ce qui est arrivé à travers le 18 janvier dernier à travers la DCC 18-001. Dans un mouvement d’ensemble orienté vers la satisfaction de l’intérêt général, faisons en sorte de ne plus tirer le diable par la queue.



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