Editorial : La rançon de l’alcoolisme !

Angelo DOSSOUMOU 26 septembre 2018

Enseignants alcoolo-dépendants. Contre-exemple pour les apprenants. Dans l’Atacora, ils sont exactement huit. Ciblés par Denga Sahgui, Directeur départemental de l’enseignement secondaire, ils courent inexorablement le risque d’être privés de leurs salaires. Processus déjà engagé à cet effet, nos huit abonnés à l’ivresse seront bientôt délivrés du mal de se faire mal et de servir aux enfants, la médiocrité et le déshonneur. Puisqu’ils ne sont plus les modèles qu’ils devraient être, les conséquences, sans doute, les ramèneraient à la raison. Leur paie du mois bloquée, j’imagine qu’ils n’auront plus la possibilité de s’adonner à une beuverie décadente.
Sinon, à quoi peuvent bien servir des enseignants en haillons et qui tiennent à peine debout ? Sûr, s’ils vont en classe, devant leurs élèves, ils débiteront des âneries et se mettront en spectacle. A ce rythme, je suis même curieux de savoir à quel niveau ils arrivent quant aux cours à dispenser. Bref, la bibine en surdose, chaque fois et toutes les fois, ça ne vous laisse aucune possibilité de lucidité. Car, ce vice, contrairement à d’autres, agit profondément sur le bon sens et projette une triste image de l’éducateur. Pourtant, c’est un métier noble et, jusqu’ici, il n’est pas démontré qu’il est à la base d’une tendance à l’alcoolisme. Bien au contraire. D’ailleurs, dans tous les secteurs, ce ne sont pas les brebis galeuses qui manquent. Mais seulement, quand la craie est prise en otage par l’ivresse, autant lui éviter d’écrire des formules éthyliques.
Partant de ce fait, il est impérieux que la purge des enseignants alcooliques soit plus profonde. Déjà, dans certaines localités de l’Atacora, les ravages de l’alcool de mauvaise qualité sont devenus un véritable phénomène. Et comme le hasard n’existe pas, c’est justement dans ce département que l’alcoolisme sévit actuellement au détriment de l’encadrement des apprenants. Sans doute, en dehors de ces huit professeurs épinglés dans l’Atacora par le Ddes, Denga Sahgui, se nichent dans les autres départements du Bénin, des buveurs invétérés abonnés à la craie qui échappent encore à la surveillance de la hiérarchie ou bénéficient de leur clémence.
Vraisemblablement, sur ces dérives, les directions d’autres localités ferment les yeux par pitié. Même si elles ne leur rendent pas service, on peut penser qu’elles cherchent à protéger le reliquat du salaire récolté après les buvettes. Quoiqu’il en soit, la meilleure façon d’aider ces enseignants en perdition, c’est de les priver des moyens leur permettant d’aller se faire servir l’eau de vie. Car, c’est un secret de polichinelle, de façon démesurée, elle nuit à la santé et est à la base de la dislocation de la famille. Alors, sans beaucoup réfléchir, le meilleur choix, c’est celui de la dénonciation et de la privation du salaire en attendant une véritable cure d’intoxication et le retour de la paie mensuelle. Sinon, nul ne veut la mort du pécheur mais qu’il se repente.
A vrai dire, ce n’est jamais de gaité de cœur qu’un collège se prive d’un enseignant. En sous nombre déjà, leur disponibilité importe dans la formation des futures générations. Et si l’alcoolisme en arrive à avoir parfois raison de leur talent et de leur allant au travail, il est certain qu’à un niveau donné, il y a eu maldonne. C’est pourquoi, plus il y aura une solidarité agissante entre les enseignants, moins dans ce corps, on dénombrera vice, suivisme et déviance. En somme, prévenir vaut mieux que guérir. Et pourvu que d’autres enseignants ne se retrouvent pas dans les liens de l’alcoolisme.



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