Editorial : La traque des produits illicites

Moïse DOSSOUMOU 28 février 2017

L’opération Pangea 9 a connu un franc succès. Grâce à elle, les marchés de vente de médicaments à ciel ouvert n’existent désormais que de nom. En quelques jours seulement, cette activité florissante a connu un coup d’arrêt. Les commerçants des médicaments de la rue en ont eu pour leur compte. Ceux qui ont pris leurs quartiers dans les centres commerciaux, notamment au marché international de Dantokpa de Cotonou et au marché Ouando à Porto-Novo ont fait les frais de la répression des forces de l’ordre. Sans crier gare, des policiers et gendarmes ont débarqué dans ces lieux de transaction commerciale pour déposséder ces marchands de la mort de leurs stocks de produits illicites. Se croyant en territoire conquis, les acteurs de ce secteur de commercialisation de marchandises prohibées se sont rendu maintenant à l’évidence qu’ils étaient assis sur des sièges éjectables.
Cette opération conjointement menée par les ministères de l’Intérieur, du commerce et de la justice vise l’éradication de certaines pratiques commerciales préjudiciables à la santé humaine. En considérant le mode opératoire du gouvernement de la rupture, il est fort à parier qu’un autre secteur d’activités illégales sera bientôt sur la sellette. Il est possible que la vente de l’essence dite de contrebande connaisse aussi un coup d’arrêt lorsque le régime aura décidé de passer à l’action. Tout comme les vendeurs de faux médicaments qui ont fait, sans le savoir, l’objet d’enquêtes minutieuses avant le débarquement des forces de l’ordre, leurs homologues spécialisés dans la commercialisation des produits pétroliers issus de la contrebande, pourraient subir le même traitement. Quoi qu’on dise, les acteurs de ce domaine d’activités sont appelés à vivre la douleur qui est celle des vendeurs des médicaments de la mort.
Certes, ce commerce qui a donné du fil à retordre aux gouvernements successifs, ne cessera pas du jour au lendemain. Mais si les pouvoirs publics se décident à infiltrer ce réseau et à le démanteler, ils y parviendront à coup sûr. Ce ne sera pas une mince affaire. Ceux qui vivent de la vente de ces produits illicites ont plus d’un tour dans leur sac et l’ont prouvé à maintes reprises par le passé lorsque leur gagne-pain a fait l’objet de menaces de disparition. Seulement, quand le régime de la rupture qui s’est donné pour ambition d’éradiquer un certain nombre de mauvaises habitudes et de pratiques auxquelles sont habituées les populations aura décidé d’agir à ce niveau, qu’il s’entoure de toutes les précautions. Il s’agit, faut-il le rappeler, de produits éminemment inflammables, et leur manipulation au cours d’une éventuelle répression peut engendrer un brasier et partant… des troubles sociaux.
Contrairement aux vendeurs des médicaments de la rue, la phase répressive de la lutte contre la vente de l’essence dite kpayo devrait d’abord se mener contre les fournisseurs en provenance du géant de l’Est et les grossistes installés sur le territoire national. Tant que ces produits continueront de transiter du Nigéria vers le Bénin, vaine sera toute lutte menée contre les détaillants installés aux abords des voies, dans les ruelles et maisons. Si la traque contre les faux médicaments n’a pas rencontré de résistance farouche, il n’en sera pas ainsi pour le commerce illicite des produits pétroliers. Mais, avant qu’une lutte implacable soit menée à ce niveau, que le volet social soit privilégié en amont. La réinsertion professionnelle des acteurs du secteur qui, faute de mieux, pratiquent ce commerce, à leurs risques et périls, devrait préoccuper le gouvernement. Les vendeurs de faux médicaments ne doivent pas non plus être du reste dans ce combat social pour la quête du pain quotidien.



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