Editorial : Le budget selon l’opposition

Moïse DOSSOUMOU 6 décembre 2017

Ils n’ont pas voulu se prononcer au gré du hasard, de leurs humeurs ou de leurs ressentiments. Les députés de la minorité parlementaire affichent leur détermination à faire des interventions pertinentes dans les tout prochains jours à l’occasion des débats relatifs à l’étude et au vote de la loi de finances exercice 2018. Le conclave qu’ils ont tenu à cette fin ces derniers jours en dit long sur leurs intentions. Sans tambour ni trompette, ils ont passé au crible le document avec le précieux concours des experts. Nullement intimidés, ces élus du peuple, qui ne partagent pas les idéaux prônés par le gouvernement, ont pris le soin d’étudier le document qui prévoit les recettes et les dépenses de l’Etat pour l’année à venir. En plénière, ils ne manqueront pas de souligner, arguments techniques à l’appui, leurs appréhensions mais aussi leur satisfaction.
Ces députés qui ont fait le courageux choix de ne pas parler le même langage que le gouvernement veulent jouer leur rôle jusqu’au bout. Le budget général de l’Etat étant le bréviaire qui contient par excellence pour une année déterminée les ambitions de l’Exécutif pour la nation, il va de soi que les élus du peuple, toutes tendances confondues, s’y penchent avec intérêt. Les députés dits de l’opposition ont donc joué en partie leur partition en cherchant à mieux comprendre les prétentions du gouvernement pour les 12 prochains mois. Maintenant qu’ils comprennent davantage les tenants et aboutissants de ce projet, ils pourront opiner avec plus de clairvoyance au moment crucial. Ce faisant, ils s’éloignent des votes aveugles et stériles auxquels l’opinion a été habituée pour peu que les élus du peuple soient de la mouvance présidentielle ou de l’opposition.
A coup sûr, ce groupe d’élus mettra en exergue les craintes et réserves exprimées par les experts au cours de ce conclave. Le diagnostic du « groupe de travail fiscalité du secteur privé » est sans appel. Les nouvelles charges fiscales proposées par le gouvernement vont aggraver la situation des opérateurs économiques. L’instauration de la redevance d’aménagement urbain (Rau) aux taux de 0,5% ad valorem sur toutes les marchandises importées et faisant l’objet d’un régime de mise à la consommation, l’institution d’une taxe au profit de la Commission de l’Union africaine au taux de 0,2% sur la valeur en douane des marchandises importées des pays tiers à l’Ua et l’institution d’une contribution annuelle destinée à la mise en œuvre de la politique nationale de reboisement dû par les acteurs du secteur forestier présentés par type d’usagers du bois vont donner du fil à retordre aux acteurs du secteur privé.
Léon Basile Ahossi, doyen d’âge des députés de la minorité, a bien fait de guider ses pairs. C’est à eux de démontrer l’intérêt de ce conclave au parlement. Sans doute, les députés de la mouvance présidentielle, qui sont les plus nombreux, se prêteront aussi à cet exercice. Cela enrichira les débats à l’Assemblée nationale si tant est qu’ils sont disposés à laisser de côté les chicaneries pour parler un tant soit peu du développement. Mais déjà, les élus du peuple qui apportent la contradiction à l’Assemblée nationale sont outillés pour se prononcer sans ambigüité sur la prochaine loi de finances. Pourvu que cela transparaisse effectivement dans leurs propos au moment opportun afin que leur vote tienne compte de l’intérêt général. Au bout du rouleau, au même titre que la mouvance présidentielle, l’opposition est appelée à jouer son rôle pour que vive la patrie.



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