Editorial : Le challenge de la transparence

Moïse DOSSOUMOU 31 janvier 2018

Epiphane Nombimè n’est plus dans les bonnes grâces du ministre du travail et de la fonction publique. Limogé, le désormais ex-directeur du recrutement des agents de l’Etat paie le prix de sa négligence. Sa responsabilité a été engagée dans un important dysfonctionnement noté dans le processus d’un récent recrutement d’agents de l’Etat au profit du ministère de l’économie et des finances. Il lui est en effet reproché le fait de n’avoir pas transmis aux jurys tous les critères d’admissibilité. Conséquence, les jurys ont délibéré et prononcé l’admissibilité des lauréats en se basant sur les informations dont ils disposent. Epiphane Nombimè a payé cher cette négligence qui entache la crédibilité de ce concours d’autant plus que les jurys sont obligés de délibérer une seconde fois et des candidats préalablement déclarés admissibles pourraient être laissés sur le carreau.
En décidant de sanctionner avec la dernière rigueur cette faute professionnelle, la ministre du travail et le gouvernement envoient un signal fort aux cadres chargés d’une mission stratégique dans l’appareil d’Etat. Ces dernières années, sous le précédent régime, le recrutement des agents de l’Etat par voie de concours a souffert de multiples irrégularités. A plusieurs reprises, des voix se sont élevées pour dénoncer les procédures en cours ou les résultats. Des syndicats, des organisations politiques et celles de la société civile aussi sont rentrés dans la danse. Acculé, le gouvernement d’alors a ravalé ses vomissures en prenant la courageuse décision d’annuler certains concours à polémique. Quelques semaines seulement après son accession à la magistrature suprême, en Conseil des ministres, Patrice Talon a aussi annulé des concours dont les lauréats avaient déjà pris service depuis des mois.
En agissant ainsi, le chef de l’Etat et ses collaborateurs ont fait le pari de restaurer l’image du gouvernement en mettant en place les mécanismes susceptibles de contribuer à organiser à l’avenir des concours crédibles qui ne souffrent d’aucune irrégularité. N’ayant pas encore réussi ce challenge, le concours organisé courant 2016-2017 par la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) pour renforcer son effectif a lui aussi été annulé. Ce fut une tache d’huile sur le linge que le « Nouveau départ » a voulu immaculé. Il fallait après ce premier faux pas redoubler d’ardeur afin que tous les candidats désireux de postuler à un concours, aient la garantie de se présenter, tous autant qu’ils sont, sur la base de l’égalité des chances. Cahin-caha, le gouvernement s’évertuait à relever ce challenge, lorsque la dernière fausse note est intervenue. Très vite, l’auteur a été sanctionné et l’opinion espère toujours que la crédibilité des concours publics sera restaurée.
Le défi que se propose de relever le gouvernement est d’autant plus important qu’il s’agit de donner une chance à la compétence et à la vertu. Une société qui promeut les cancres et les médiocres au détriment des travailleurs et des vertueux est vouée à la déliquescence. Tant que l’ivraie sera préférée, célébrée et promue au détriment du bon grain, rien de beau, de bon et de durable ne pourra être construit. Des concours transparents et crédibles participent à la saine émulation et donc ouvrent la porte au recrutement d’agents modèles, dynamiques et travailleurs à même de combler les attentes au sein de l’appareil d’Etat. La ressource humaine est la première des richesses pour une société et un Etat. Si elle est de bonne qualité, si elle est vertueuse, il va sans dire que le pays s’offre toutes les chances d’être un modèle de développement. C’est heureux que le gouvernement décide de veiller au rétablissement de la justice sociale. Pourvu que ce ne soit pas qu’un engouement !



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