Editorial : Le congrès de la résurrection

Moïse DOSSOUMOU 8 février 2018

Ils reviennent au-devant de la scène. En réalité, ils ne l’ont jamais vraiment quittée. Le verdict des urnes issu de la présidentielle de 2016 les a contraints à changer de posture. Ce fut une mutation douloureuse pour ces hommes de main de Boni Yayi habitués à jouer, une décennie durant, les premiers rôles. Les partisans et les chantres zélés du fameux « Après nous, c’est nous », qui voyaient d’un air hautain le monde à leurs pieds, ont appris à leurs dépens, que « le plus fort n’est jamais assez fort pour demeurer le maître ». Après cette douche froide que le peuple souverain s’est chargé de leur administrer, ils sont revenus à la réalité. Depuis bientôt deux ans, les fidèles des fidèles qui ne se sont pas laissés séduire par les mirages du « nouveau départ », tentent tant bien que mal de se donner une nouvelle virginité politique.
Voués à une mort certaine après le départ de Boni Yayi du pouvoir, les barons des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) ne veulent pas se laisser enterrer vivant. Une poignée d’hommes et de femmes, attachés à leurs convictions font de la résistance et tiennent jusque-là le pari de la survie de ce bloc politique dont le palmarès est assez impressionnant. En décembre 2016, par le biais d’un conseil national, ils se sont réunis pour la toute première fois depuis qu’ils ont perdu le pouvoir. Peu de temps après, ce fut la débandade. Des caciques et pas des moindres ont vidé leurs rangs. François Abiola, Barthélémy Kassa, Nassirou Arifari Bako, Rachidi Gbadamassi, Aké Natondé, pour ne citer que ceux-là, ont fait allégeance à Patrice Talon. « Lorsque le feu gagne la forêt, l’animal court vers la rivière », enseigne un adage. Assimilées dès lors à une coquille vide, les Fcbe, ou du moins ce qu’il en reste, jettent toutes leurs forces dans la bataille politique, pour ne pas disparaître.
Le week-end prochain, la ville de Parakou servira de cadre à une grand-messe politique. La célèbre place Bio Guéra et la salle d’alphabétisation de la cité des Koburu seront pris d’assaut par les militants et sympathisants de ce regroupement qui résiste à tous les vents depuis le 6 avril 2016 où son rêve a viré au cauchemar. Comme un phénix, cette alliance de partis et de mouvements politiques veut renaître de ses cendres. Eugène Azatassou, Amos Elègbè ou encore Valentin Djènontin, pour ne citer que ceux-là qui veillent sur la maison cauris, feront feu de tout bois pour susciter à nouveau l’espoir. Nullement ébranlées par les actions du gouvernement, qui selon leurs dires, sapent leurs acquis, les Fcbe veulent se positionner comme une alternative crédible. Une ambition assez osée dans un contexte assez difficile où elles ont du mal à être audibles et crédibles.
Pour se remettre en selle, les Fcbe ont un seul choix : relever les points positifs de la gouvernance actuelle et faire des propositions constructives sur les aspects qui méritent d’être corrigés à leurs yeux. Si elles font par contre l’option de tirer uniquement à boulets rouges sur Patrice Talon et son gouvernement, elles courent le grand risque de laisser davantage des plumes dans ce combat de gladiateur qui ne se déroule pas jusque-là en leur faveur. Qu’on ne s’y méprenne pas. Les partisans de Boni Yayi ne feront pas de cadeau à Patrice Talon. Ce qui est attendu de leur part, c’est qu’ils ne versent pas dans une opposition aveugle. Ce faisant, ils susciteront plus de sympathie et d’écoute de la part de l’opinion. La présence de Boni Yayi à ce congrès apportera une bouffée d’oxygène aux siens qui luttent désespérément seuls contre tous. Est-il déjà prêt à s’afficher à nouveau en politique ? Parakou nous le dira.



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