Editorial : Le destin de Léhady Soglo

Moïse DOSSOUMOU 21 juillet 2015

Léhady Soglo joue gros pour son avenir politique. Libéré de la tutelle parentale, il ambitionne d’occuper enfin le fauteuil du premier citoyen de la ville de Cotonou après avoir passé douze années aux côtés de son père et mentor politique en qualité de premier adjoint. Rêve légitime mais dont la concrétisation lui impose un véritable chemin de croix. Pierre Corneille avait vu juste. « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Humilié par les populations lors des législatives du 26 avril dernier qui lui ont empêché l’accès du palais des gouverneurs, le leader de la Renaissance du Bénin a su revenir au devant de la scène deux mois après lors des élections municipales et locales. Dans un contexte difficile, malgré les inondations et la croisade anti-Rb menée de main de maître par un certain Candide Azannaï sous la bannière de l’Union fait la nation, quoi qu’on dise, les « houézèhouè » continuent d’avoir pignon sur rue à Cotonou.
Les résultats officiels publiés par la Commission électorale nationale autonome (Cena) leur octroient 21 sièges sur les 49 en compétition pour le compte du conseil municipal de la ville. Le Parti du renouveau démocratique (Prd), l’Union fait la nation (Un), les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) et le Réso Atao se partagent le reste des sièges. Sans avoir obtenu la majorité absolue pour arracher d’office la mairie, la Rb a réussi le tour de force de supplanter tous ses adversaires. Là où elle n’était pas attendue, elle a sorti le grand jeu pour s’imposer, même si ce score est en deçà des prouesses du passé. Après la proclamation des résultats, commence à présent la bataille du contrôle de la mairie.
Les jeux sont ouverts. Et le meilleur comme le pire peut advenir pour la Renaissance du Bénin. C’est maintenant ou jamais que les forces politiques de l’opposition doivent démontrer qu’elles savent concilier leurs intérêts, quand il s’agit des enjeux cruciaux, comme elles l’ont fait le 20 mai dernier lors de l’élection des membres du bureau de l’Assemblée nationale. A cette occasion, n’eût été la présence de Rosine Soglo dans le bureau d’âge, Adrien Houngbédji ne serait pas redevenu la deuxième personnalité de l’Etat. C’est dire que son apport personnel et celui de son parti ont été déterminants dans l’issue de cette élection. Il est venu le moment pour les autres forces de l’opposition de retourner l’ascenseur à la Rb. Si l’opposition rayonne au parlement aujourd’hui, elle le doit en partie à la doyenne d’âge, Rosine Soglo.
Mieux, en votant massivement pour cette formation politique en dépit de tout, les électeurs de la ville de Cotonou ont exprimé la volonté de poursuivre l’aventure avec les « houézèhouè ». En outre, à part Bohicon et Abomey, il est de bon ton, pour l’équilibre des forces, que la Rb soit bien lotie dans la chaîne de commandement du pays. Dans les prochains jours, les nouveaux conseillers municipaux seront conviés à désigner le futur maire de la ville. Il y a peu, le destin de Houngbédji reposait entre les mains de la Rb et des autres composantes de l’opposition. Cette fois, c’est la Rb qui a besoin de ce beau monde.



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