Editorial : Le requiem de la démagogie

Moïse DOSSOUMOU 11 mars 2015

Nous voici encore à l’heure de la conclusion du fameux marché de dupe. Celui qui consiste à ce que les politiciens candidats aux élections promettent monts et merveilles à leurs électeurs et que ces derniers, séduits par les propos mielleux circonstanciels, les considèrent comme des paroles d’évangile. Par voie de conséquence, une fois dans l’isoloir, le choix est vite fait et l’élu qui a réussi son coup tourne aussitôt dos à ses mandants jusqu’à la prochaine occasion où le besoin de se jouer d’eux se ressent à nouveau. Voilà la grosse arnaque à laquelle se prêtent volontiers les populations à l’approche des échéances électorales, oubliant par ailleurs que « les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient ».
A quelques mois des élections locales, la plupart des élus dont la fin de mandat approche à grands pas seront encore candidats à leur propre succession s’ils ne visent cette fois, des positions plus avantageuses. Il leur reste donc un peu plus de dix semaines pour essayer de corriger ce qui peut l’être dans leur gestion. Car, avant de rendre le tablier, ils sont astreints à œuvrer jusqu’à la dernière minute pour le mieux-être de leurs administrés. C’est d’ailleurs en agissant de la sorte qu’ils donneront à leurs électeurs un aperçu de ce que sera le prochain mandat, s’il leur était donné d’en bénéficier.
Comme chacun le sait, dans la partie méridionale de notre pays, la saison des pluies a démarré sans crier gare avec son fâcheux corollaire, les inondations. Le triste spectacle des rues et des habitations inondées reprendra de plus belle. Au diable, reconnaissons-lui ses mérites. La plupart des autorités locales ne sont pas restées bras croisés face à ce phénomène qui dépasse leurs capacités de réaction. Puisqu’aux grands maux, il faut opposer les grands remèdes, les candidats qui aspirent à diriger les villes concernées par les inondations doivent être à même de proposer des solutions efficaces et durables qui tiennent compte des réalités. La campagne électorale qui débutera sous peu nous paraît le cadre approprié pour cet exercice vivement attendu car c’est une occasion unique offerte aux populations pour exiger des candidats de tourner dos à la démagogie.
L’ouverture des voies au profit des populations enclavées, la fourniture de l’eau potable, l’éclairage public, la sécurité des personnes et des biens, l’hygiène et l’assainissement, le balayage des rues et l’enlèvement des ordures qui jonchent les artères urbaines, l’entretien des plages, marchés et gares routières… sont autant de chantiers sur lesquels les Béninois sont en droit de demander des comptes à leurs élus. S’ils ne le font pas pour barrer la route à l’inaction, qu’ils s’en prennent à eux-mêmes dans leur galère. Les petits avantages liés à la campagne électorale assimilables à des piécettes qu’on jette aux mendiants pour se débarrasser de leur présence encombrante ne suffiront pas pour les guérir des maux auxquels ils sont perpétuellement exposés avec leur propre consentement. A eux de faire le meilleur choix !



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