Editorial : Le réveil des Fcbe !

Moïse DOSSOUMOU 31 août 2015

La nature a horreur du vide. Une fois passés les ressentiments du rêve brisé du perchoir et après s’être consolée de la victoire en demi-teinte des municipales, communales et locales, la coalition au pouvoir reprend du poil de la bête. Les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) annoncent déjà les couleurs pour 2016. Réunis autour de leur leader ce week end à Parakou, les ténors de ce creuset politique s’activent pour sortir la grosse artillerie. Le maître mot, « après nous, c’est nous ». Cette célèbre formule du vice-premier ministre, vite rangée au placard au lendemain de la chute de Blaise Compaoré, renaît de ses cendres. Ainsi en ont décidé les feudataires du régime en place décidés à conserver le pouvoir d’Etat. Le vœu le plus cher de Boni Yayi est de passer le témoin le 6 avril prochain à son poulain et non à un autre candidat qui n’aura pas bénéficié de son appui.
Le réveil des Fcbe est d’autant plus intéressant que sur le terrain, à six mois de cette échéance capitale, les déclarations de candidature de même que les intentions prêtées à un tel fusent de toutes parts. Les forces de l’opposition et les candidats indépendants mouillent le maillot en faveur de l’alternance. L’enjeu est de taille. « L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt », dit l’adage. Mais jusqu’à ce week end, les Fcbe ont donné l’impression de dormir sur leurs lauriers. Une attitude suicide que leurs adversaires ne manqueront pas de monnayer en gains électoraux. Depuis l’entrée en lice il y a peu d’un certain Patrice Talon, les lignes ont commencé par bouger. Les paupières déjà bouffies par un long sommeil inexpliqué perdent du volume. Voyant la menace venir, le chef de file des Fcbe sonne le tocsin et bat le rappel de la troupe.
Mais cette apathie qui a duré deux mois, de la date des consultations électorales locales à ce week end, s’explique en partie. Les prétendants à la candidature unique ne pouvaient se permettre de s’afficher sur le terrain sans l’aval de leur leader, surtout qu’ils aspirent à lui succéder à la tête de l’Etat. Qui de François Abiola, le vice-premier ministre très proche de Boni Yayi, de Komi Koutché, qui se met en selle grâce à la dernière décision controversée de la Cour constitutionnelle, ou de Aké Natondé, qui se présente comme le défenseur des jeunes obtiendra les faveurs du chef de l’Etat ? A priori, les deux premiers ont une bonne longueur d’avance sur le troisième. Encore qu’il n’est pas exclu que des dissidents fassent route à part après la désignation du candidat unique.
Dans les prochaines heures, ainsi qu’il a été décidé à Parakou, la redoutable machine Fcbe sera mise en marche. Le débat politique s’en trouvera enrichi. Mais la décharge d’adrénaline sera à son comble lorsque l’Union fait la nation et le Prd se prononceront. Le peuple ne demande pas mieux que de voir s’exprimer ceux qui aspirent à le diriger.



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