Editorial : Le second réveil de la police

Moïse DOSSOUMOU 15 juillet 2015

La police s’est réveillée de son profond sommeil. Déterminée à faire le bonheur des Béninois malgré eux, elle a remis au goût du jour sans crier gare, l’application de la règlementation en vigueur en matière de circulation routière. Le port du casque, de la ceinture de sécurité et le respect des couloirs de circulation font partie de ses nouvelles priorités. En réalité, il n’y a là rien de nouveau sous le soleil. Ces réformes hardies auxquelles beaucoup de langues avaient prédit un échec retentissant ont connu un franc succès par le passé, naturellement sous l’effet de la contrainte. Les usagers de la route ne se sont résolus à suivre le rythme imposé par la police que par peur de subir les représailles de leur entêtement. La peur du gendarme est en effet le commencement de la sagesse.
Au fil des mois, sans l’intervention de la police, le réflexe du port du casque notamment était devenu une réalité chez bon nombre de nos compatriotes. Subitement, comme un cheveu sur la soupe, un vrai faux communiqué de l’ex ministre de l’Intérieur demandant la suspension de la répression au cours de la période électorale a fait ressurgir les vieilles habitudes. Libérés de la contrainte, les casques ont semblé disparaître de la circulation et les motocyclistes en sont même arrivés à délaisser le trafic local transformé en piste cyclable pour disputer le passage aux automobilistes sur la chaussée. Il n’en fallait pas plus pour que les statistiques des accidents déjà en baisse remontent en flèche. L’urgence de faire régner à nouveau l’ordre s’imposait. Et la hiérarchie policière a choisi de prendre ses responsabilités.
C’est ainsi que les populations de Cotonou ont pu se rendre compte par elles-mêmes du fort détachement de policiers déployés sur les principales artères de la ville. Objectif, sensibiliser avant le démarrage de la nouvelle phase de répression proprement dite. Cette fois, en plus du respect des couloirs de circulation et du port de casque, la police a cru devoir insérer dans l’application de cette mesure le port de la ceinture de sécurité. Un luxe pour bon nombre de Béninois qui ignorent tout de ce dispositif de sécurité. Si les particuliers à bord de leurs véhicules peuvent sans peine se conformer à cette nouvelle exigence, on ne peut en dire autant des véhicules qui assurent au quotidien le transport des passagers. C’est à ce niveau que réside a priori la plus grosse difficulté de cette opération de promotion de l’ordre public.
Les motocyclistes déjà informés de l’imminence de l’opération se mettent déjà en règle. La plupart arborent déjà de gré ou de force leur casque pour éviter de se mettre dans des situations inconfortables. La police a réussi son coup à moitié. Reste à savoir si ce second réveil s’inscrit dans la même veine que le précédent. Car ce n’est franchement pas la peine de sortir les muscles pendant un laps de temps et baisser la garde l’instant d’après.



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