Editorial : Le souhait de la candidature unique

Moïse DOSSOUMOU 22 septembre 2015

Presque à l’unanimité, ils ont exprimé le souhait de voir l’opposition resserrer ses rangs en vue de la conquête et l’exercice du pouvoir d’Etat au terme de la présidentielle dont le 1er tour est fixé au 28 février prochain. Les dirigeants de partis et personnalités politiques qui ont répondu favorablement à l’invitation du Parti du renouveau démocratique (Prd) dans le cadre de l’Université de vacances édition 2015 ont délivré des messages quasiment identiques. Tour à tour, chacun d’eux a exprimé son souhait de voir se réaliser l’alternance au sommet de l’Etat dès le 6 avril 2016. Le prix à payer pour l’aboutissement de cette quête est que toutes les candidatures agitées çà et là dans le rang des contempteurs du régime en place se taisent au profit d’une seule.
Un discours qui, quoique pertinent, évoque le souvenir des amères désillusions qui ont été le lot des animateurs du bloc politique « Union fait la nation » au scrutin présidentiel de 2011. Croyant avoir réussi à remporter la mise au détriment de Boni Yayi, ils n’ont eu que leurs yeux pour pleurer. Au lendemain de cette expérience inédite, les démons de la division sont très vite entrés en scène. La Renaissance du Bénin n’a pas hésité l’ombre d’un instant à filer le parfait amour avec la mouvance présidentielle qu’elle a pourtant combattue sur le terrain quelques jours auparavant. Quelques semaines plus tard, ce fut le tour du parti du candidat unique, le Prd, de faire défection. Et depuis, les positions de ces deux formations politiques à l’égard de l’Un n’ont pas changé.
Malgré cette fausse note, l’espoir d’une collusion entre les différentes composantes de l’opposition a semblé renaître dans la nuit du 20 mai dernier lors de l’élection des membres du bureau de l’Assemblée nationale. Bien que la chance leur ait souri, les vieilles querelles teigneuses n’ont pas tardé à reprendre le dessus. L’union circonstancielle observée au parlement a volé en éclats, notamment entre le Prd, l’Un et la Rb dès qu’il s’est agi, deux mois plus tard, d’élire les maires des villes de Cotonou et d’Abomey-Calavi. Difficile alors pour des acteurs politiques qui se supportent à peine de se mettre ensemble dans un large creuset pour engager et gagner un combat de l’ordre d’une élection présidentielle, surtout que la capacité de nuisance des partisans du pouvoir n’a pas faibli.
D’un autre côté, si on considère comme faisant partie de l’opposition, les partis et alliances de partis qui ont porté Me Adrien Houngbédji au perchoir, une union des forces est difficilement envisageable avant le second tour. Ce serait franchement utopique de croire que l’Alliance pour un Bénin triomphant, l’Alliance nationale pour la démocratie et le développement, l’Alliance Soleil, les Forces démocratiques unies (Fdu), la Renaissance du Bénin, le Parti du renouveau démocratique et l’Union fait la nation puissent maintenant parler d’une même voix au point de s’engager sur la voie périlleuse de la désignation en leur sein d’un candidat unique. S’ils en arrivaient à franchir ce cap, il faut encore, et c’est le plus difficile, que tous mouillent effectivement le maillot dans leurs fiefs respectifs comme s’il s’agissait d’eux-mêmes. C’est une hypothèse d’école que de croire en une telle grandeur d’esprit de la part des animateurs de la vie politique. A tous les coups, ce vœu largement exprimé sur la place publique samedi dernier est à l’image d’une bouteille jetée à la mer. La probabilité est très faible qu’elle revienne à la côte.



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