Editorial : Monument Kérékou !

Angelo DOSSOUMOU 1er avril 2019

Ce n’est pas un poisson d’avril. Ce jour à moins d’un retournement de situation, il y aura bel et bien déménagement des effets du Général Mathieu Kérékou des ‘‘Filaos’’. Dans ce sens, un courrier en date du 26 mars dernier est parvenu au représentant de la famille de l’ancien chef de l’Etat. En lieu et place de cette résidence aussi célèbre que son ancien occupant, au programme, il est prévu l’érection d’un jardin public et d’un monument… Mais, depuis l’ébruitement de l’information, la polémique enfle. Déjà, entre le choix de conserver la vieille bâtisse à d’autres fins et la nouvelle trouvaille des gouvernants, les avis sont partagés. Pour l’instant, une chose est sûre, malgré l’interminable occupation des ‘‘Filaos’’ par l’homme du 26 octobre, il n’en est pas le propriétaire légal et ne s’est jamais dérangé pour.
D’ailleurs, cela ne devrait surprendre personne. Homme intègre, en lieu et place des biens matériels, le Général Mathieu Kérékou a plutôt toujours voulu laisser en héritage à ceux qui lui sont chers, l’amour de la patrie et la paix. Sinon, quoi qu’on puisse lui reprocher, la stabilité au Dahomey après une période très tumultueuse et l’ère du renouveau démocratique qui gonfle notre fierté, il en a été pour beaucoup. Pour tout ceci, un stade, mille jardins et même un monument en son nom ne suffiront pas pour l’immortaliser. Cependant, autant faire ce qu’on peut et l’idée d’une place publique et d’un monument qui ravivent dans les mémoires mieux que ‘‘Les Filaos’’, la dimension de cette personnalité qui, pendant au moins trois décennies, a marqué l’histoire du Bénin n’est pas si mal que ça.
Toutefois, en attendant, que le chef-d’œuvre à dévoiler pour appréciation des populations ne soit officiellement disponible, j’aurais vraiment parié en plus du jardin public et du monument, pour l’ouverture d’un musée en ces lieux. Au plan touristique, ce serait un plus, d’aller toucher du doigt, ce vieux fauteuil dans lequel le Général aimait s’allonger ou regarder de plus près, les carcasses de sa première Mercedes de fonction. Ailleurs, c’est ce qui se fait. De plus, et ses ayants-droit peuvent m’en excuser, le Général Mathieu Kérékou, pour tout ce qu’il a été et laissé comme image pour son pays, est un patrimoine public, ses biens y compris.
Mais voilà, nous sommes sur le terrain du droit et sans avoir eu connaissance du testament de l’ancien homme fort du Bénin, ce serait préjudiciable de décider en lieu et place de sa famille biologique. Il n’empêche, qu’à l’endroit des gouvernants, de la Fondation Kérékou et de tous ceux pour qui le Général a compté, je demanderai humblement d’envisager, peu importe finalement l’endroit, l’ouverture d’un musée qui retrace le parcours du président ‘‘Caméléon’’. Autrement, ce serait un gâchis. Car, quand il est possible de toucher l’histoire du bout des doigts, on ne s’en prive pas. Au contraire, on la conserve et on la préserve de toute détérioration. Et ce privilège, je crois bien que le Général Mathieu Kérékou le mérite.
Maintenant, nous sommes le 1er Avril et il y a un déménagement à faire pour d’autres projets pour les ‘‘Filaos’’. Dans ces conditions, il revient aux enfants de décider de la suite à donner aux biens et aux vestiges qui peuvent s’identifier au grand camarade de lutte et qui ont encore une valeur touristique. De toute façon, même sans ‘‘Filaos’’, sans monument et sans jardin, Kérékou restera éternel. Somme toute, l’immortalisation de sa mémoire ne nous laisse que des options.



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