Editorial : Où sont passées les candidatures féminines ?

Moïse DOSSOUMOU 25 novembre 2015

Face à la panoplie de candidatures annoncées pour la présidentielle de 2016, les femmes ont perdu leur latin. Celles que l’on retrouve sur le terrain, spécialisées dans les louanges, les chants et danses s’adonnent allègrement à leur besogne. Alignées derrière les hommes, elles font figure d’animatrices en chef au cours des rencontres et meetings organisés un peu partout sur l’ensemble du territoire national. A défaut de faire le bonheur de leurs homologues qui se font désirer quant à leur participation à cette consultation électorale, les femmes ont tôt fait d’épauler les hommes qui sollicitent leurs services. A moins de quatre mois de ce rendez-vous électoral, aucune candidature féminine n’est encore annoncée.
Habituée de ce scrutin depuis 2001, Marie-Elise Gbèdo, la première femme béninoise à briguer la magistrature suprême est à la recherche de ses marques. Elle a d’ailleurs fait savoir son indignation quant au peu d’intérêt accordé à ses ambitions présidentielles. Ne se retrouvant pas dans le lot des personnes auxquelles font recours les Béninois pour les diriger, elle n’est pas allée du dos de la cuiller pour fustiger cet état de choses. Les milliers de personnes rassemblées au stade René Pleven lors de la cérémonie d’ouverture de l’édition 2015 de l’Université de vacances du Parti du renouveau démocratique (Prd) en ont eu pour leur compte. Il a fallu cette boutade pour que sa candidature soit enfin suscitée. Depuis, plus rien.
Non seulement aucune femme n’a déclaré jusqu’ici son intention de déposer sa candidature pour la présidentielle, mais sur le terrain, il n’y a pas d’actes posés qui renseignent sur leurs intentions. Pendant que les hommes désireux de diriger le Bénin dès le 6 avril prochain se jettent corps et âme dans la bataille, les femmes brillent par leur silence. De leur côté, on ne dénombre ni tournées, ni opérations de charme, ni des participations remarquées à des manifestations grand public. Après l’incendie de Tokpa, pendant que certains candidats se sont rués sur les lieux du drame pour exprimer leurs compassions aux victimes dans la perspective d’obtenir la sympathie de celles-ci, ce fut un calme plat du côté des femmes présidentiables.
Ni Marie-Elise Gbèdo, ni Célestine Zanou qui ont l’habitude de représenter la gent féminine à ce type d’élection ne semble se décider à engager les grandes manœuvres. C’est vrai que jusqu’à présent, aucune des deux n’est parvenue à séduire les Béninois au point de faire un score honorable. Cette raison justifie peut-être les hésitations du moment. Mais il faut bien un jour ou l’autre qu’une femme en arrive à venir à bout des pesanteurs sociologiques. Un peu partout dans le monde, des femmes leaders émergent et dirigent des Etats. Le Liberia a donné l’exemple en Afrique. Ce n’est donc pas exclu qu’une Béninoise parvienne à se faire élire à la tête de l’Etat. C’est un combat de longue haleine qui n’admet ni relâchement, ni découragement.



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