Editorial : Pitié pour l’école !

Angelo DOSSOUMOU 16 octobre 2019

J’ai du mal à y croire. Pourtant, c’est la réalité. Malgré les professions de foi sur la quête de l’excellence, l’école béninoise traverse ces temps-ci, des moments très difficiles. Tenez ! Un mois après la rentrée des classes, une visite dans certains établissements et la désolation est à son comble. En plein 21ème siècle, il est inadmissible qu’on retrouve des apprenants serrés comme des sardines ou dans des bateaux de négriers, en proie à la chaleur suffocante et aux mauvaises odeurs. Toute de suite, l’excuse servie est que pour pallier le déficit d’enseignants, la mode fusion s’est imposée à certains Directeurs avec son corollaire d’effectifs pléthoriques. Mais, avoir plus d’une centaine d’apprenants dans une salle qui ne s’y prête pas, de surcroît avec des classes jumelées, je ne sais comment qualifier cet acte.
De toute façon, sur la voie de l’émergence d’une Nation, l’éducation doit être la priorité des priorités. C’est pourquoi, personne n’a le droit de rester indifférent à une gestion des ressources humaines dans le secteur éducatif qui laisse à désirer. Entre manque d’anticipation et précipitation, un cafouillage qui dessert les enfants devient flagrant. A titre d’exemple, la judicieuse répartition des aspirants est devenue pour les autorités éducatives un casse-tête chinois. Et si à cela, il faut ajouter qu’il n’y a plus possibilité pour les établissements scolaires de recruter les enseignants communautaires afin qu’un minimum de savoir soit transmis aux enfants, alors, tout est réuni pour que ces derniers soient livrés à la médiocrité. Et s’il en est ainsi, à qui la faute ?
Ce qui est sûr, en l’état actuel, personne ne peut incriminer les enseignants. Car, je ne sais quel message ils peuvent transmettre dans une classe fusionnée avec un effectif pléthorique. Quant aux apprenants notamment les plus jeunes confrontés aux difficultés citées plus haut, qui pourra exiger d’eux l’impossible ? Or, la pratique et le suivi permanent sont la clé de voûte de l’Apc, entendez Approche par compétence. Dans ces conditions, il va sans dire que si la donne devrait positivement changer, cela ne pourrait provenir que d’un geste fort des décideurs. Sans donc se voiler la face, au plus vite, ils doivent changer de fusil d’épaule. Autrement, qu’ils le veuillent ou non, les échecs massifs en fin d’année scolaire leur seront imputables.
Mais, comme personne ne souhaite qu’il en soit ainsi, les acteurs du monde éducatif ont vraiment intérêt à se regarder en face et à crever l’abcès de l’improvisation et de l’attentisme. Sinon, à première vue, l’école béninoise, après quatre semaines de cours, est sur une pente glissante. D’aucuns peuvent penser que j’exagère. Mais, devant une évidence persistante faite de fusions, d’effectifs pléthoriques, de déficit d’enseignants ou d’une gestion approximative du volet répartition des aspirants, il y a lieu que les compétences concernées agissent avant qu’il ne soit trop tard. Somme toute, pour une école dont tous les Béninois seront fiers, tous les maillons de la chaîne éducative doivent travailler en parfaite intelligence. Et arriver à le faire, ce n’est pas de la mer à boire.
En fin de compte, quand on ne sait pas où on va, faisons l’effort de nous rappeler d’où on vient. Ceci pour signifier, qu’avec les flottements observés dans les établissements scolaires surtout au niveau des enseignements maternel et primaire, il y a de quoi envisager le recours aux vieilles recettes. Pourvu qu’au bout, l’objectif à défaut d’être complètement atteint soit satisfaisant. Justement, on ne triche pas avec l’avenir d’une Nation. Et donc, pour une école de qualité, veillons à ce que les meilleurs choix se fassent.



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