Editorial : Quand les masques tombent !

Moïse DOSSOUMOU 18 août 2015

A peine installés, les députés de la 7ème législature entrent de plain-pied au contact de la réalité. Sur leur table, trône un gros dossier de prévarication de l’ordre de 3 milliards. Au banc des accusés, Barthélémy Kassa, ex ministre de l’énergie, de l’eau, des recherches minières et pétrolifères, actuellement député et président de groupe parlementaire. En face des élus du peuple, en qualité de plaignant, le chef de l’Etat qui ne jure que par la levée de l’immunité parlementaire de son ancien collaborateur, épaulé dans cette tâche par le Garde des sceaux et le procureur général près la Cour d’appel de Cotonou. Sous la pression populaire et celle des Pays-Bas dont les fonds ont été « évaporés », Boni Yayi fait feu de tout bois pour entamer un pseudo combat contre l’impunité.
La commission spéciale mise sur pied par le président de l’Assemblée nationale balaie du revers de la main la plainte du chef de l’Etat sans toutefois prendre le risque de rejeter la requête. La Conférence des présidents dont le mis en cause est membre par ailleurs a dû prendre le relais. Il ne restait plus que la plénière se prononçât pour que le plaignant et l’accusé soient chacun fixés sur leur sort. Mais, chose inattendue, au moment de l’ouverture de la séance, les députés ont manqué à l’appel malgré leur forte présence à l’Assemblée nationale. La plupart ont préféré se terrer dans les bureaux et couloirs du parlement au lieu de rejoindre l’hémicycle où devaient se tenir les débats. Faute de quorum, la séance a été reportée pour jeudi prochain.
Voilà comment les élus du peuple se comportent lorsqu’ils sont appelés à se prononcer sur les sujets brûlants de la nation. Encore une fois, il s’agit d’un cas de détournement de fonds publics initialement destinés à la construction d’ouvrages spécifiques en vue de l’accès des populations rurales à l’eau potable. La gravité des faits s’accentue lorsqu’on sait que cet aliment vital est encore un luxe dans certaines régions du pays. Une raison largement suffisante pour que les coupables, les vrais, soient identifiés et punis. A priori, deux hypothèses peuvent justifier l’attitude des députés.
Primo, au vu du contenu du rapport de la commission spéciale, certains d’entre eux ont peut-être déjà considéré sans suite la plainte du chef de l’Etat. D’où leur désintérêt pour la plénière. Secundo, et c’est ce qu’il faut craindre le plus, une bonne frange de députés n’a pas voulu se prononcer à visage découvert. Certainement qu’ils manquent de cran pour apprécier à la suite des membres de la commission spéciale, le caractère sérieux de la plainte présidentielle. Mais il est des rendez-vous qu’on ne manque pas. Par égard pour le peuple dont ils sont censés défendre les intérêts, ils auraient mieux fait de vider ce dossier hier au lieu de prolonger l’attente pour le jeudi.



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