Editorial : Sans pitié pour boycotteurs !

Angelo DOSSOUMOU 1er octobre 2019

Pas de demi-mesure pour les Ace 2008 boycotteurs des évaluations diagnostiques : en attendant l’aboutissement de la procédure disciplinaire enclenchée par les autorités en charge des enseignements maternel et primaire à leur encontre, ils écopent d’une suspension de leurs fonctions. Tombée hier, la décision de sanction ne devrait, en principe, étonner personne. Car, à vouloir défier l’autorité de l’Etat, ces instituteurs qui, en dépit des invites de leurs syndicats ont délibérément choisi de ne pas aller composer les 24 août et 7 septembre derniers, sont logiquement victimes de leur entêtement. D’ailleurs, contrairement à leurs collègues au nombre desquels figurent leurs représentants qui, au dernier moment, n’ont pas pris les menaces des ministres de l’éducation à la légère, ils ont voulu s’amuser avec le feu et là, ils sont en train de se faire proprement brûler.
Sinon, après le plaidoyer des syndicats et la session de remplacement à tous les absents du 24 août arrachée au forceps, je vois mal comment ils pourront s’en sortir. En tout cas, au vu de l’ambiance qui a prévalu surtout avant le round de la dernière chance, il est fort probable qu’en lieu et place d’un véritable boycott, ça soit plutôt des départs volontaires. Si ce n’est pas le cas, alors là, rien ne peut justifier que devant l’évidence que les dés étaient jetés en ce qui concerne les évaluations diagnostiques, l’obstination chez certains enseignants l’ait pourtant emporté. Dans ces conditions, il serait difficile d’en vouloir à la rigueur de l’autorité en charge des enseignements maternel et primaire et de défendre un boycotteur qui, visiblement, n’a fait qu’à sa tête.
Or, jusqu’ici, le gouvernement tient parole et les Ace 2008 qui ne sont pas reçus à l’évaluation diagnostique sont toujours maintenus à leur poste. D’ailleurs, la pénurie d’enseignants malgré le renfort salvateur des aspirants ne plaide pas encore pour un chamboulement en profondeur. C’est dire que nos instituteurs boycotteurs seraient tout au moins allés composer qu’actuellement, ils ne seraient pas en train d’essuyer la colère légitime de leur ministre, Salimane Karimou. Certes, un employé a des droits mais, il a aussi l’obligation de donner entière satisfaction à son employeur. Dans ce cas-ci, c’est l’Etat et Dieu seul sait qu’il est d’abord garant de la qualité de l’enseignement à donner aux apprenants.
Maintenant, pour y arriver, il développe les meilleures stratégies. C’est sa prérogative et logiquement, il revenait au corps enseignant de lui faciliter la tâche. Ce faisant, il restera toujours sur le tapis, l’épineux problème de l’adéquation entre la disponibilité de formateurs à la hauteur des exigences du métier et la demande sur le terrain. Justement, par rapport à ce point, il est impérieux que les gouvernants mettent en place une vraie politique pour inciter à la fonction enseignante. Après quoi, ils parleront de filtre sélectif, de formation et de recyclage. Pour mériter à nouveau le nom de quartier latin de l’Afrique, ce n’est pas trop leur demander.
Tout bien pesé, le Bénin sur le plan éducatif est à la croisée des chemins. Peut-être qu’après que des Ace 2008, foncièrement boycotteurs, ont délibérément choisi de servir de cobayes, une rigueur et des accompagnements conséquents au service de la qualité s’enracineront. Ce qui est sûr, ce n’est pas le moment de regarder dans le rétroviseur. Un système quoique diversement apprécié fait son petit bonhomme de chemin. Etant donné que seule la fin justifie les moyens, d’ici quelques mois voire quelques années, chacun appréciera au résultat.



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