Editorial : Sauver le Chu-Mel

Moïse DOSSOUMOU 15 juin 2017

Au Centre hospitalier et universitaire de la mère et de l’enfant (Chu-Mel) règne une atmosphère de cimetière. Les pleurs et les vagissements des nouveau-nés ont cédé la place à un silence bouleversant et assourdissant. Les allées habituellement bondées de parturientes et de visiteurs sont étrangement vides et ternes. Les lits habituellement occupés par les bébés et leurs mamans n’ont plus d’occupants. Tout ou presque tout est à l’arrêt. Depuis plusieurs jours, plus aucun nouveau-né n’a poussé son premier cri dans ce centre de référence. Et pourtant, le personnel n’observe pas une cessation de travail. Loin de là. Incroyable, mais vrai. Aucun des blocs de ce grand hôpital dédié à la cause de la mère et de l’enfant n’est fonctionnel.
Initialement, le plateau technique de l’ex Homel était composé de trois blocs opératoires. L’un d’eux est hors d’usage depuis plusieurs années. Un incendie a ravagé un autre et le seul bloc encore en fonction il y a peu a été éprouvé par une panne technique. De trois blocs fonctionnels au départ, le Chu-Mel ne dispose aujourd’hui d’aucun bloc fonctionnel. Certes, des efforts ont été entrepris pour rénover le bloc incendié. Aux dernières nouvelles, les travaux seraient presque achevés. Seul le souci de l’équipement demeure. En outre, le seul bloc qui supportait toute la charge de travail jusqu’à un passé récent est aussi sur le point d’être remis en fonction. Seulement, pour un hôpital de grande réputation comme celui-là, il est inadmissible pour le personnel soignant de se contenter d’un seul bloc.
En effet, l’ancienne maternité lagune devenue plus tard hôpital de la mère et de l’enfant (Homel) a été élevée au rang de centre hospitalier universitaire. La conséquence directe est que les étudiants en médecine sont admis dans ce centre pour toucher du doigt les réalités de leur métier. Dans leur formation, une grande attention est accordée à la pratique. Les enseignants de rang magistral habilités à leur dispenser le savoir dans le feu de l’action ne peuvent accomplir leur mission dans les conditions difficiles actuelles. L’idéal serait que tous les trois blocs opératoires soient remis en état afin que ce centre joue pleinement son double rôle : la délivrance des parturientes et la formation des jeunes médecins. La question de l’urgence de la remise en service de ce centre hospitalier ne se pose plus.
Si le gouvernement a décidé de donner de la valeur ajoutée à cet hôpital, il doit être en mesure de le doter de moyens conséquents. C’est inadmissible que le Centre hospitalier et universitaire de la mère et de l’enfant soit dans l’incapacité de donner naissance à des nouveau-nés et ce pendant plusieurs jours. A cause du laxisme et du manque d’anticipation des responsables de cette situation, des femmes enceintes qui ont besoin de soins ou sont sur le point d’accoucher sont orientées vers d’autres centres où elles ne bénéficieront pas de la même prise en charge qu’au Chu-Mel. Le ministère de la santé doit redoubler d’ardeur pour soulager les futures mamans. Plus qu’une nécessité, c’est une urgence. Lorsque cette malencontreuse parenthèse sera fermée, que les acteurs concernés soient placés face à leurs responsabilités, afin qu’à l’avenir, on ne reparle des mêmes maux. Car, rien ne vaut de donner la vie.



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