Editorial : Tous pour la médiocrité !

Moïse DOSSOUMOU 1er septembre 2014

On nous avait promis le changement. Nous en avons eu à foison. Les habitudes ont changé tant et si bien que les anciennes pratiques ont été vouées aux gémonies. Fini le temps où les citoyens promus à des postes de grande responsabilité entraient discrètement en fonction pour y accomplir leur devoir et s’éclipsaient de la scène publique lorsque vient le moment de passer le témoin. Au fil des ans et surtout depuis l’avènement du régime dit du changement, tout a vraiment changé. Les messes d’action de grâce, les marches de soutien au chef de l’Etat, les meetings de remerciement… ont désormais pignon sur rue. Les salamalecs valent aujourd’hui leur pesant d’or.
Les membres du gouvernement et les griots de la refondation ont sacrifié à la tradition ce week end. Qu’ils soient fraîchement nommés ou maintenus à leurs postes, ils se sont défoulés aux dépens de la République. Chez nous, c’est un crime de lèse-majesté de ne pas remercier tambour battant le chef de l’Etat lorsque ce dernier vous place sous les feux de la rampe. Même si comparaison n’est pas raison, cette attitude tranche avec celle observée dans les pays dont les responsables ont vraiment à cœur la satisfaction de l’intérêt général. Le ridicule n’était pas au rendez-vous en France où le dernier remaniement ministériel est intervenu au même moment qu’au Bénin.
Les nouveaux ministres ont pris service dans la sobriété et se sont aussitôt mis à l’ouvrage. A Paris, à Lyon ou encore à Marseille, aucune marche de remerciement n’a été notée. Mais ce n’est pas pour autant que les ministres Français ne sont pas redevables à François Hollande. La meilleure manière de lui exprimer leur gratitude, c’est de mouiller le maillot à ses côtés pour rendre son bilan élogieux. Ainsi se comportent les citoyens des nations dont les actes sont motivés par l’amour de la patrie et l’épanouissement de leurs compatriotes.
Mais au Bénin, on se pavane et on bombe le torse en répétant à tue-tête et en chantant à tout venant les pseudo mérites d’un régime qui n’a plus rien à prouver aux Béninois si ce n’est la fécondité dans la distraction. Tout se limite aux slogans. Très peu de place est réservée à l’action. On souhaite et on fait en sorte que les populations continuent d’agir comme des moutons de panurge. Le développement et l’émancipation des masses laborieuses, personne n’en veut. On s’accommode de la médiocrité.
Chaque jour un peu plus, nous travaillons à notre recolonisation et même à ce jeu, nous ne trouvons pas preneurs.



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