Editorial : Un goût d’inachevé

Moïse DOSSOUMOU 6 juin 2017

Leur joie aura été de courte durée. Les 94 agents lauréats du dernier concours de recrutement organisé pour le compte de la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) retournent à la case départ. Ainsi en a décidé le Conseil d’administration de cette structure qui a refusé d’entériner les résultats de ce concours. La polémique née de la fraude qui a émaillé ce processus de recrutement a eu raison des lauréats qui se retrouvent dépossédés de leur gagne-pain. Eustache Kotingan et ses pairs n’ayant pas voulu se faire compter parmi les promoteurs de la fraude et de la médiocrité ont pris leurs responsabilités. A la satisfaction de tous, les résultats de ce concours qui a suscité un véritable tollé ont été déclarés nuls et non avenus.
Les 94 lauréats se retrouvent maintenant sur le carreau, livrés à la vindicte populaire. Dans le lot, figurent des innocents qui se sont inscrits à ce concours dans le but d’échapper aux affres du chômage et du sous-emploi. Mais par la force des choses, ils se retrouvent dans la même situation que les fraudeurs par lesquels le malheur est arrivé. Se sachant incapables de réussir dignement à un test de recrutement, certains apprentis sorciers se sont attachés les services des faussaires. Ces derniers, en torpillant les procédures, ont favorisé leur admission au grand dam des plus méritants. Ils croyaient avoir réussi leur coup puisque les lauréats avaient été conviés à prendre service. Mais c’était sans compter avec la veille citoyenne qui a déjà fait ses preuves sur ce plan.
Très vite, la polémique a enflé comme ce fut le cas ces dernières années. L’opinion a encore en mémoire les concours tristement célèbres organisés coup sur coup au profit du ministère de l’économie et des finances et qui ont été annulés. La pression syndicale aidant, le régime précédent s’est résolu à désavouer la direction du recrutement des agents de l’Etat. Ces camouflets successifs ont conduit le gouvernement de Patrice Talon à adopter de nouvelles résolutions en la matière. C’est ainsi que dans le dernier trimestre de l’année 2016, le concours de recrutement des enseignants au profit des ministères des enseignements primaire et secondaire a été un franc succès. Les résultats ont été entérinés par le gouvernement puisque n’ayant pas fait l’objet de contestations.
La Cnss de même que les autres structures publiques devraient prendre le pli et inaugurer une nouvelle ère où seuls le mérite et l’excellence devraient prévaloir dans le recrutement des agents. Le Conseil d’administration a eu le mérite de ramener les pendules à l’heure. A cette décision salutaire et courageuse, doit succéder une autre : la sanction des coupables. C’est bien d’annuler, mais c’est encore mieux de situer les responsabilités et de punir les coupables. La décision du Conseil d’administration a comme un goût d’inachevé. Pour promouvoir pleinement l’égalité des chances, il faut enrayer toute velléité de fraude. Eustache Kotingan et ses pairs doivent finir le job. Au nom de la transparence !



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