Editorial : Un nouveau souffle pour l’opposition

Moïse DOSSOUMOU 7 novembre 2017

Il continue de tenir le haut du pavé dans l’actualité du parlement. Quelques jours après sa démission du groupe parlementaire « Union fait la nation », Guy Dossou Mitokpè fait à nouveau parler de lui. Son statut de député non inscrit n’a duré que le temps d’un feu de paille. Depuis hier 6 novembre 2017, il s’est formellement engagé aux côtés d’un autre groupe parlementaire dénommé « la voix du peuple ». Dirigé par Issa Salifou, ce creuset était voué à une disparition certaine depuis la démission de Ahmed Affo Obo intervenue le jeudi 2 novembre dernier. Quelques jours ont suffi pour que ce groupe parlementaire renaisse de ses cendres. Jusqu’à nouvel ordre, Issa Salifou et les autres membres de ce groupe dont la position politique ne fait l’ombre d’aucun doute continuent d’avoir voix au chapitre à l’Assemblée nationale.
Secrétaire général du parti « Restaurer l’espoir », Guy Dossou Mitokpè a intégré le groupe parlementaire « la voix du peuple » au nom de la sauvegarde de l’opposition parlementaire. Ardent défenseur de la démocratie, le plus jeune député de la 7ème législature reste fidèle à ses convictions. Dans le cas d’espèce, la logique de sa démarche « est d’aller au secours de la démocratie contre les manigances politiciennes qui tendent à fragiliser l’opposition parlementaire ». Pour lui, « la fragilisation de l’opposition parlementaire peut être préjudiciable à toute notre démocratie ». Farouchement opposé à la pensée unique, le plus fidèle lieutenant de Candide Azannaï a à cœur de bien jouer son rôle d’opposant déclaré au régime en place. C’est pourquoi il n’a pas hésité à prêter main forte à Issa Salifou qui, bien que n’ayant pas jusqu’ici fait une déclaration officielle d’appartenance à l’opposition, ne joue plus depuis un certain temps dans la même cour que Patrice Talon.
Par les temps qui courent, se déclarer formellement comme étant de l’opposition est un acte héroïque. Tout comme Issa Salifou, Guy Dossou Mitokpè a le mérite de prendre ses distances vis-à-vis du pouvoir. C’est de notoriété publique que les deux députés ont mouillé le maillot afin que Patrice Talon soit élu à la tête de l’Etat. Mais ils n’ont pas attendu longtemps avant de se démarquer de sa gouvernance. A un moment où la plupart de leurs pairs se sont engagés du côté du pouvoir via le Bloc de la majorité parlementaire (Bmp), une poignée de députés refuse de composer avec le pouvoir. Grâce à eux, la contradiction est encore de mise dans les quatre murs du palais des gouverneurs. Il faut souhaiter que chaque courant de pensée puisse s’organiser et s’exprimer librement. Autrement, ce serait la pensée unique.
Avec l’adhésion de Guy Dossou Mitokpè au groupe parlementaire « la voix du peuple », c’est un nouveau souffle qui est donné à l’opposition parlementaire. Bien qu’en minorité, ce groupe de députés a l’avantage d’exister et d’apporter sa part de vérité au débat public. Si le groupe de Issa Salifou devait s’éteindre, tous les députés qui n’ont pas fait l’option d’être du côté du pouvoir, seraient davantage fragilisés et isolés. Ce n’est déjà pas si facile de s’opposer aux actions du gouvernement. Si en plus de ça, il faut devoir se taire et ronger son frein parce qu’on n’a pas la capacité de s’illustrer, politiquement parlant, cela a tout l’air d’une prison dans laquelle on choisit délibérément de s’enfermer. Heureusement qu’il existe encore des personnes comme Guy Mitokpè qui décident spontanément de voler au secours de la démocratie. Leur lutte, si tant est qu’elle est orientée au service de l’intérêt général, ne sera pas vaine.



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