Editorial : Un-Prd : le retour des hostilités

Moïse DOSSOUMOU 9 août 2016

L’Union fait la nation (Un) et le Parti du renouveau démocratique (Prd) continuent de se regarder en chiens de faïence. En dépit des apparences, les rancœurs et les ressentiments nés de l’épisode malheureux de la présidentielle de 2011 ont toujours pignon sur rue. Ces deux blocs politiques naguère opposés au régime de Boni Yayi n’ont pas réussi l’expérience de la vie à deux. Les scènes de ménage ont fait voler en éclats cette alliance pourtant porteuse d’espoir, mais que d’aucuns avaient jugé contre nature. Au fil des mois et des années, la réconciliation n’a jamais été possible, car les intérêts en présence peinent à être conciliables. Et Nicéphore Soglo doit être bien triste. Lui qui disait à qui voulait l’entendre que ce qui les unit est plus fort que ce qui les divise.
Après la traversée du désert avec Boni Yayi, les ténors de l’Union fait la nation d’un côté et le leader charismatique du Prd de l’autre aspiraient tous à convoler en justes noces avec le nouveau pouvoir qui sera issu du scrutin présidentiel de 2016. Pour cela, il fallait batailler dur, faire le choix du candidat le plus à même de remporter la mise et surtout mouiller ardemment le maillot au cours de la compétition électorale. Au moment où l’Union fait la nation minée par les déchirements internes appelait à voter pour tout candidat autre que Lionel Zinsou épaulé par Boni Yayi, le Prd, à la surprise générale, prenait fait et cause pour le poulain de son ennemi juré. Déjà fragilisée par son manque de cohésion vis-à-vis d’un seul candidat, l’Un dut encore se résoudre à se séparer de deux de ses meilleurs atouts à savoir Eric Houndété, premier vice-président de l’Assemblée nationale et Basile Ahossi, député, qui ont choisi de lui tourner le dos.
Sans faiblir, du moins en apparence, Bruno Amoussou et les fidèles de son écurie ont choisi de s’aligner qui derrière Patrice Talon, qui derrière Sébastien Ajavon, qui encore derrière Pascal Irenée Koupaki, pour ne citer que ceux-là. Au terme du 1er tour, Lionel Zinsou et Patrice Talon ont réussi à tirer leur épingle du jeu. Pendant que le candidat de Boni Yayi voyait ses rêves partir en fumée, son adversaire s’approchait inexorablement du sacre. L’Un reprit donc du poil de la bête et conformément aux clauses de la coalition de la rupture, l’immense majorité des candidats ont pris fait et cause pour Patrice Talon. La suite, on la connaît. L’Un et ses alliés n’avaient pas fini de savourer leur victoire que le Prd, par un retournement de veste dont il a le secret, lui ravit encore la vedette en adhérant pieds et mains liés aux idéaux du Nouveau départ.
Avant cet ultime épisode, le Prd, malgré les querelles, a bénéficié du soutien de la même coalition en mai 2015 lorsque Adrien Houngbédji convoitait le perchoir. Depuis son investiture à la tête de l’Etat, Patrice Talon donne l’impression de composer davantage avec le Prd au détriment de l’Un. Voyant la menace s’intensifier, l’Un s’est dépêchée de donner de la voix pour marquer son territoire et rappeler au Prd qu’il ne saurait occuper la première loge aux côtés du chef de l’Etat. « Nous ne soutenons pas le chef de l’Etat. Nous sommes le parti politique au pouvoir ». Ces mots de Bruno Amoussou résonnent comme un avertissement et déclenchent à nouveau les hostilités. Après la traversée du désert, désormais dans la peau de membres de la mouvance présidentielle, l’Un et le Prd sont à nouveau à couteaux tirés.



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