Editorial : Une célébration en trompe-l’œil

Moïse DOSSOUMOU 4 août 2015

Comme chaque année, la célébration de la fête nationale a encore mobilisé toutes les attentions. Pour Boni Yayi, ce fut un 1er août différent des autres, car les prochaines années, il participera aux festivités officielles en qualité d’ancien chef de l’Etat. Mais pour l’immense majorité des Béninois, ce fut une date comme les autres. Rien de nouveau sous le soleil. Les mêmes ritournelles, les mêmes fanfaronnades, l’éternel défilé militaire précédé du traditionnel dépôt de gerbe, le déjeuner au palais de la Marina, la finale de la coupe de l’indépendance… et puis plus rien. Aussi rapidement qu’elle a été ouverte, cette page a été aussitôt fermée. Plus d’un demi-siècle déjà que dure ce folklore. Et les Béninois ne s’en lassent jamais. Au contraire, ils éprouvent du plaisir à sacrifier à cette tradition qui n’apporte aucune valeur ajoutée à la pseudo marche de la nation vers un mieux-être pour chacun et pour tous.
C’est bien beau de commémorer chaque année le 1er août. Mais le plus important, c’est de travailler, chacun à son niveau, pour que cette célébration ait tout son sens. Il y a 55 ans, le Dahomey aujourd’hui Bénin prenait son destin en main. A l’époque, les élites africaines qui ont milité pour l’indépendance de leurs peuples respectifs étaient habitées par le souci de leur épanouissement. Le tout ne suffisait pas de proclamer une certaine libération du joug colonial ardemment désirée en son temps. Il fallait que cet élan aille au-delà des discours pour se traduire dans les actes et dans la durée. Plus d’un demi-siècle plus tard, il faut bien admettre que les africains et particulièrement les Béninois sont très loin du compte.
Autant le dire, la graine semée par Hubert Maga n’a pas germé. Les Béninois fuient le travail comme on fuit la peste. La paresse et la facilité ont gagné les cœurs. Le piétinement des valeurs a pris de l’ampleur à telle enseigne que la vertu est combattue sans répit. Or, pour un pays comme le Bénin, producteur de rien et héritier de peu, il n’y a que le travail acharné de ses fils et filles qui puisse lui assurer une place de choix dans le concert des nations. Aujourd’hui, le Bénin compte parmi les pays les plus pauvres de la planète malgré la qualité de ses cadres et les potentialités naturelles dont il dispose. Pendant que les ressortissants des autres nations africaines tout aussi mal loties s’échinent pour se tirer de ce mauvais pas, les nôtres rivalisent d’ingéniosité pour s’enfoncer davantage dans la fange du sous-développement.
Maintenant que le folklore annuel du 1er août est passé, pourquoi les Béninois ne se regarderaient pas dans la glace afin de décider de changer le cours des choses ? Aujourd’hui comme hier, l’unique porte de salut des peuples reste le travail. Celui accompli avec dignité pour le mieux-être de tous. Ce n’est certainement pas trop demander…



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