En toute sincérité : Akassato-Bohicon, l'urgence

François MENSAH 17 avril 2013

Le Bénin n’a presque rien reçu comme héritage en matière de ressources du sous-sol. Le pays produit d’ailleurs très peu de matières capables de l’enrichir. La seule et véritable porte de sortie est d’avoir été un pays de services, notamment pour les pays de l’Hinterland et le grand voisin de l’Est, le Nigeria. La plupart de ces services sont liés à l’utilisation du Port autonome de Cotonou qui fait ainsi office du poumon de l’économie nationale. Un pays de services suppose la possession d’un certain nombre d’infrastructures. Il est alors difficile de comprendre que des pays tels que le Niger et le Burkina-Faso puissent utiliser le Port de Cotonou si la route inter Etats Akassato-Bohicon continue de donner l’impression d’appartenir à un pays fraîchement sorti de guerre. Or, nul n’est censé ignorer l’importance de cette route pour le transport des marchandises entre les différents pays de la sous-région. Mais lorsqu’il faut la croix et la bannière pour parcourir les cent kilomètres qui relient Akassato à Bohicon, il se pose sans doute un problème de gouvernance. Or gouverner, c’est prévoir. Et à défaut d’avoir prévu, les pouvoirs publics ont le devoir de corriger le tir. Les gouvernants béninois ont régulièrement passé le refrain du bitumage de cet axe routier dont l’importance n’est plus à démontrer. Mais à l’arrivée, il y a un immense écart entre les promesses et la réalité. En vérité, les fruits n’ont jamais tenu la promesse des fleurs. C’est à ce niveau que le chroniqueur se pose de légitimes questions. Il n’est pas ridicule de se demander combien coûte cette route pour que ceux qui veulent du bien au Bénin soient incapables de l’aider à la réaliser. La signature du Bénin ne serait-elle pas crédible pour qu’on l’engage sur des marchés financiers et qu’on obtienne la réalisation de cette route vitale pour la République ? A quoi bon rendre le Port autonome de Cotonou dynamique, si le temps qu’on y gagne se perd chaque fois sur l’axe Akassato-Bohicon ? C’est à croire qu’on déshabille Paul pour habiller Pierre. Par ailleurs, je me demande si le gouvernement béninois a pris le soin de réaliser une étude sur l’impact que la dégradation avancée de cet axe a sur l’économie béninoise. Sinon, il devient difficile de comprendre le manque de promptitude des gouvernants béninois face à l’urgence de la réhabilitation de cette voie qui participe à elle seule à la lutte contre la pauvreté et à l’augmentation des recettes de l’Etat. Savoir où l’on veut aller, c’est bien. Mais faut-il encore montrer qu’on y va, nous enseigne Emile Zola. L’Etat béninois doit redéfinir certaines choses et faire de la réalisation de cet ouvrage une priorité s’il ne veut pas donner l’impression de refuser le développement comme le redoutait Axel Kabou dans une célèbre œuvre littéraire. Il faut sauver à tout prix l’axe Akassato-Bohicon pour ne pas donner le sentiment de tirer la charrue par l’arrière. Boni Yayi doit accélérer les choses avant qu’il ne soit trop tard puisque le Port de Lomé a déjà raflé une part non négligeable de la clientèle du Port de Cotonou. Le berger national ne doit plus laisser ses voisins brouter dans son pâturage. Une baisse considérable des activités sur ce tronçon va inéluctablement entraîner une chute des recettes du pays et un accroissement du taux de chômage, vu le nombre de personnes qui vivent des activités dont il est question. Le sauvetage de l’axe Akassato-Bohicon est une urgence pour toute la patrie. Et il y a de bonnes raisons de lancer un S.O.S à qui de droit.



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