En toute sincérité : Au nom de la conférence nationale !

François MENSAH 23 avril 2013

Le Bénin a soufflé il y a quelques mois, la vingt troisième bougie de l’historique conférence nationale des forces vives de la Nation. Cet événement de prestige devrait rappeler au peuple béninois certains engagements significatifs pris par ses gouvernants dans le sens de la pérennisation de cet anniversaire. A l’occasion de l’an dix de la conférence nationale par exemple, le boulevard reliant le pont Martin Luther King au carrefour de la Société béninoise de brasseries (Sobébra) a été baptisé au nom de Monseigneur Isidore de Souza qui fut l’un des principaux acteurs de la rencontre de Février 1990 qui a donné le top de la mise en œuvre du processus démocratique au Bénin. Dans le même temps, le carrefour situé en face de la Sobébra, donc à la fin dudit boulevard, a été dénommé carrefour de la Conférence nationale. Mais chose curieuse, lors de la récente visite du Chef de l’Etat dans les locaux de la Sobébra, l’érection d’une statue devant immortaliser les mérites de la structure en charge de la production de boissons gazeuses et alcoolisées a été décidée. L’idée est naturellement ingénieuse, vu le mérite de la Sobébra qui fait depuis plusieurs décennies la fierté du Bénin à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Seulement, les gouvernants locaux ne doivent pas occulter qu’il faut rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. En réalité, la place qui devrait servir de lieu d’accueil à la fameuse statue qui sera érigée en l’honneur de la bière est celle qui doit en principe abriter le monument qui doit rappeler à la postérité l’historique Conférence nationale de Février 1990. Dans ce contexte, les citoyens béninois sont en droit de s’interroger sur les raisons de ce télescopage géographique inédit. Le chroniqueur, tout comme certains de ses concitoyens, se demande alors comment est-ce que tous les cadres qui entourent le président de la République n’ont pas pu l’informer de cette décision de l’an 2000 qui prévoyait l’installation d’un monument d’envergure en ces lieux. Par ailleurs, serait-il décent de privilégier un monument à la gloire de l’alcool en lieu et place d’une œuvre commémorant l’une des plus importantes phases de l’histoire du Bénin ? Qu’à cela ne tienne. Boni Yayi n’était certes pas au courant de cette initiative émanant de son prédécesseur, mais l’administration étant une continuité, des cadres de l’administration publique auraient pu lui mettre la puce à l’oreille. Le patron de l’Exécutif n’a désormais plus le choix. Après l’amnésie collective de ses collaborateurs, il lui faudra restaurer l’histoire. Le devoir de mémoire de la Nation vis-à-vis de l’historique Conférence de Février 90 oblige le locataire de la Marina à corriger le tir. Boni Yayi peut purement et simplement couper la poire en deux en déplaçant le lieu d’installation du fameux monument dédié à la bière pour ramener l’édifice de la Conférence nationale sur le carrefour situé en face de la Sobébra. Ce ne serait qu’une suite logique du processus entamé par l’Etat béninois depuis la dénomination du boulevard Isidore de Souza et l’instauration annoncée d’une place dédiée à la Conférence de Février 1990. Le chef de l’Etat doit donc faire de cette question une véritable priorité pour la Nation tout en évitant d’éventuelles frustrations. Loin de faire l’objet de discorde, cet imbroglio devrait simplement être replacé dans son contexte et être perçu comme un malentendu que les autorités doivent dissiper en remettant les pendules à l’heure. L’erreur est en effet humaine. Le chantre de la refondation peut simplement déplacer le site devant accueillir le monument de la bière et l’installer ailleurs. Le carrefour de la Sonapra et les nombreuses places qui existent dans la ville de Cotonou seront sans doute les bienvenues pour accueillir le célèbre ouvrage qui est pour le moment en gestation. En revanche, la construction du monument de la Conférence nationale au lieu initialement prévu et le déplacement du site devant honorer la Sobébra devraient contenter les différentes parties et rappeler aux générations futures que des événements majeurs et historiques tels que ladite conférence n’ont pas été occultés par leurs aînés. Ce genre d’actes va bien entendu pérenniser certaines valeurs morales et intellectuelles qui méritent d’être citées en exemple devant les générations futures. La balle est désormais dans le camp de Yayi.



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