En toute sincérité : Conjoint envouté !

Naguib ALAGBE 13 janvier 2017

C’est une pratique très usitée. Une sorte de recours ultime. Sous nos cieux, les charlatans ont de la côte, pour connaître des problèmes de couples. On pourrait même affirmer, sans risque de se tromper, qu’en la matière, ils sont de très loin, les ‘‘thérapeutes’’ les plus sollicités. Nombreux sont, en effet, ces conjoints qui tenaillés par la crainte et le désespoir, finissent par céder à l’illusion et là, commence l’abîme. Obsédé par une rupture imminente et hanté par une possible perte de l’être aimé, l’amoureux prêt à tout y compris l’impossible, se surprend à croire au miracle et se laisse prendre au piège. La suite, on la connait. Le requérant d’un jour, après un essai concluant, finit, par s’y abonner, jetant ainsi en pâture son couple au marabout. Mais, celui-là est peut-être de bonne foi. Car, tous n’y vont pas parce que contraint par le désespoir. Il y en a justement, et ils sont les plus nombreux, dont la sollicitation adressée à l’occultiste relève d’un simple caprice ou d’un opportunisme avéré.
Ces femmes par exemple qui, rien que pour le plaisir de dominer leur sujet ou de complètement le dompter pour pouvoir en disposer selon leurs convenances, ne rechignent pas à lui administrer des potions dont elles ignorent tout, de la teneur réelle et des effets sur la santé. Incarnation du mal au discernement très probablement en dessous de la moyenne, elles se refusent à tout compromis et s’interdisent toute concession pour se donner une chance de manière loyale avec leur moitié, mais sont en même temps, prêtes à satisfaire les désidératas les plus subjectives d’un pseudo-spiritualiste pour le même résultat.
Et Pour d’autres, le grigri s’avère un véritable fond de commerce. Ici également, on invoque les forces du mal dans le dessein de lui faire faire ce que d’ordinaire, il ne ferait pas. Et une fois aux mains du grand manitou, le farfelu chialera moins à sortir le chéquier pour offrir, même à la dernière des trainées, villa et voiture sans craindre de se détruire et de ruiner sa vraie famille. Il y en a même dont, c’est la principale activité génératrice de revenus. Des apprenties sorcières, toutes prêtes, à se saisir du premier imbécile qui se fera prendre et à le plumer jusqu’aux os. Le temps d’ouvrir les yeux et le bonhomme n’est bon que pour la rue.
Fort heureusement, il y a immanquablement pour les uns et les autres, un revers. C’est qu’en général, un appas guette ces prédateurs. Et, est prise qui croyait prendre. Car, sur le doux agneau venu gentiment à lui de bonne foi ou non, le charlatan agi comme une drogue et finit par le plonger dans une totale dépendance. Et le voilà marionnette aux mains du sauveur autoproclamé ; ce dernier, prenant en même temps par la main gauche ce qu’il octroie de l’autre main.
Sait-on seulement qu’en la matière, rien ne s’obtient sans une contrepartie tout au moins suffisante, l’esprit qui exauce les vœux les plus fous, réclamant presque toujours et en retour, plus que l’on ne peut donner. C’est une dette que l’on paie parfois toute sa vie, si ce n’est de sa vie. Et comme la pratique, de l’avis de ceux s’y connaissent, consiste à quelque peu forcer le destin et changer l’ordre naturel des choses, il n’est alors pas superflu de penser qu’en s’y adonnant, on effectue en même temps, un saut dans le vide. C’est en fait un cul de sac, un véritable puits sans fonds.



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