En toute sincérité : Des goûts et des couleurs !

François MENSAH 5 septembre 2014

La nature a fait de l’homme et de la femme deux êtres qui doivent s’attirer, s’aimer, s’unir et fonder par la suite un noyau familial. Mais avant que la famille ne soit composée, il faut naturellement que les conjoints se choisissent mutuellement. Le choix n’est pas toujours facile, vu la multiplicité des options qui se présentent. Et la plupart du temps, les hommes font face à un dilemme qui ne dit pas son nom. Choisir une épouse instruite ou non, le casse-tête est permanent chez plusieurs de nos contemporains. La belle citadine et la brute rurale se disputent souvent une place de choix dans le cœur des jeunes célibataires qui sont sur le point de s’engager. Des intellectuels « bon teint » ne tarissent pas d’éloges sur les remarquables atouts des fiancées fertiles en imaginations, efficaces dans l’action et séduisantes dans la diction. Ces hommes estiment en effet qu’une femme n’est belle que lorsqu’elle brille par son corps et par son esprit. Une femme instruite est donc le meilleur cadeau que le ciel puisse leur offrir. Certains hauts cadres de la République éprouvent en réalité une énorme difficulté à se présenter à d’importants rendez-vous en compagnie d’une épouse incapable de tenir correctement une fourchette avec la main gauche ou de mener un débat sur l’actualité. Au risque de passer pour les dindons de la farce ou les vilains petits canards de la mare, de nombreux mâles imbus de leurs personnes et remplis d’orgueil camouflent leurs frustrations derrière la compagnie d’une jeune et splendide intellectuelle dont ils ne sont pas forcément sûrs des sentiments et à qui ils ne peuvent pas dicter facilement leur loi. Les nombreux caprices de ces demoiselles ou dames civilisées n’effraient guère nos frères qui affichent régulièrement un sourire d’hypocrite en public avant d’aller pleurer sous les draps quand madame pose son veto à la maison. Pour cette catégorie d’hommes, le jeu vaut certainement la chandelle. L’image projetée dehors surpasse la douleur vécue à l’interne chez ces hommes assez particuliers. Ce qui donne dans une large mesure raison à Jacques Prévert qui disait en son temps qu’il faudrait essayer d’être heureux ne serait-ce que pour donner l’exemple. Et pourtant ! Jean de la Fontaine nous apprend qu’un auteur gâte tout lorsqu’il veut tout parfaire. Feindre d’être un don juan de la meilleure race en s’encombrant d’une compagne dont la culture et l‘intelligence séduisent l’entourage n’est pas une mauvaise chose en soi. Mais lorsque le fardeau dépasse les capacités du transporteur, la situation devient plus ou moins complexe. A vouloir former le couple parfait pour plaire à la société, nous fabriquons sans le savoir de véritables bombes à retardement. L’élégance, la grandiloquence et l’éloquence d’une femme peuvent en effet mettre en difficulté l’aisance d’un couple . La méfiance devrait donc être de mise à l’heure du choix. Et c’est pour éviter le choc des idées et l’installation permanente de la contradiction à domicile, que certains hommes aux allures peut-être féodales jettent leur dévolu sur des conquêtes moins souveraines intellectuellement parlant, qui se plient avec plaisir à leur volonté. Nombreux sont ces hommes qui en réalité préfèrent coopérer avec des épouses ménagères naïves, domptées et soumises, qui répondent sans broncher aux exigences du père de famille. Dans ce cas précis, il n’y a qu’un seul capitaine dans le navire, et c’est ce qu’il dit qui passe comme une parole d’évangile voire une lettre à la poste. De toutes les façons, chacun est libre de choisir sa moitié, pourvu que cela ne lui soit point préjudiciable. Instruite ou non instruite, chaque femme a sa place dans un cocon familial. C’est du moins ce que je pense.



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