En toute sincérité : Deux sièges pour un parlement !

François MENSAH 30 avril 2013

Il y a de cela quelques jours, le peuple béninois a aperçu son Président tout rayonnant à l’occasion de la réception des tours administratives qui ont été royalement érigées au cœur de Cotonou, capitale économique du Bénin. Sa joie manifeste contrastait malheureusement avec son désir de voir le nouveau siège du parlement sortir de terre. Son vœu s’est hélas heurté au manque d’efficacité et de rigueur des structures chargées de gérer la construction de l’édifice qui devrait succéder à l’actuel palais des gouverneurs. Le chef de l’Etat a naturellement piqué une colère légitime à cette occasion solennelle en demandant purement et simplement qu’on déplace le site devant abriter les locaux de la représentation nationale à cause notamment de nombreuses défaillances techniques décelées sur le chantier dont il est question. Le patron de l’exécutif est désormais au cœur de la polémique. Bien malin sera donc celui qui pourra lui indiquer les stratégies à adopter pour sortir de ce guêpier. Le Bénin ne dispose en effet pas de moyens astronomiques à l’image de l’Emirat du Qatar, du royaume d’Arabie-Saoudite ou du sultanat de Brunei pour s’offrir le privilège de détruire purement et simplement les installations en cours de construction pour ériger un nouveau chantier sur d’autres lieux. Faut-il rappeler que la construction du siège de l’Assemblée nationale a déjà coûté au contribuable béninois près de seize milliards de francs Cfa ? Il serait criminel d’occulter cette donnée. Le locataire de la Marina devrait également se rappeler que le Bénin a des ressources extrêmement limitées. Par ailleurs, la crise économique qui secoue sans la moindre pitié l’ensemble de la République rend la démarche politique du Président de la République obsolète voire insurmontable et à la limite incompréhensible. Boni Yayi aura certainement du mal à convaincre ses administrés par rapport à cette démarche qu’il entend adopter. Comment peut-on en effet expliquer un tel gâchis à des millions d’âmes qui croupissent sous le poids de la misère et pour qui les trois repas quotidiens sont depuis une certaine époque devenus un lointain souvenir ? Rappelons d’ailleurs à juste titre et de façon opportune, les propos tenus par Amos Elègbè il y a moins de vingt ans. Le député d’alors disait au sujet des dix millions de francs Cfa nécessaires pour les soins oculaires de Rosine Soglo que je cite "dix millions, ce n’est rien, mais nous sommes des fils de pauvres et dix millions, c’est tout pour nous". Seize milliards ne représentent peut-être pas grand-chose aux yeux de certains, mais c’est tout aux yeux du peuple béninois qui ne saurait accepter que ce dossier soit géré de façon brute et hâtive comme s’il s’agissait d’expédier un Sms. Le scandale lié à la construction du siège de l’Assemblée Nationale exige un traitement d’envergure. Il ne saurait être compacté et miniaturisé. C’est une séquence chaotique qui mérite que la lumière soit faite sur ses tenants et aboutissants. Les gouvernants béninois doivent fournir des explications aux populations et punir les fautifs. Aux grands maux, les grands remèdes dit en effet un adage. Boni Yayi doit agir afin de ne pas endosser certaines responsabilités devant l’histoire. Les Béninois l’ont choisi pour les gouverner. Ils n’ont pas élu François Noudégbessi et ses pairs qui sont en voie d’être présentés devant la Haute cour de justice dans le cadre de cette affaire. Monsieur le Président, le peuple vous a mandaté pour une mission et vous serez comptable de votre bilan en temps utile. Vous serez donc le premier coupable si vous ne réagissez pas promptement. L’heure est grave, il faut corriger le tir avant qu’il ne soit trop tard.



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