En toute sincérité : Dialogue social, l’éternelle équation !

François MENSAH 17 décembre 2013

Les dernières semaines de l’année 2013 ne sont visiblement pas des plus gaies en République du Bénin. Ces ultimes semaines s’annoncent même tendues. En effet, de nombreux événements sont les prémices d’une période mouvementée. Tenez, les praticiens hospitaliers sont en grève depuis quelques jours, provoquant de véritables dysfonctionnements dans les hôpitaux du pays. Pire, les étudiants spécialisés des établissements sanitaires ont également entamé un mouvement de débrayage pour réclamer leurs dus à l’Etat. Quant aux leaders des associations et centrales syndicales, ils sont, quant à eux, sérieusement remontés contre l’Exécutif qui a validé les résultats d’un concours qui n’aurait pas respecté les règles requises en la matière. Pendant ce temps, un sérieux bras de fer oppose les magistrats au gouvernement béninois au sujet des affectations qui ne répondraient pas aux critères en vigueur dans leur secteur. Et face à ces multiples contestations, le gouvernement, semble-t-il, fait la sourde oreille. Ce qui irrite davantage les travailleurs qui menacent de paralyser l’administration entière. A cette allure, personne ne s’étonnera que l’année 2014 soit rythmée par des grèves et la fronde sociale qui prendront l’ascendant sur les véritables questions de développement. Et naturellement, cela ne peut qu’être préjudiciable pour la Nation. Or, les faits tels qu’ils se présentent jettent, dans un premier temps, la balle dans le camp du gouvernement. L’Exécutif doit, en effet, prendre ses responsabilités et poser des actes pouvant ramener toutes les parties concernées à la table de négociation. Mais pour y parvenir, il faut d’abord restaurer la confiance entre l’Etat et ses partenaires sociaux. Une tâche qui ne sera pas aisée dans un contexte politico-social miné par de profonds désaccords entre les acteurs du dialogue social. Déjà, pour ne rien arranger, l’un des principaux interlocuteurs des travailleurs n’est plus au gouvernement, ce qui n’est pas le cas pour d’autres membres de l’Exécutif n’ayant pas eu des mots faciles envers les travailleurs et qui sont désormais persona non grata auprès de ceux-ci. Toutefois, il faut reconnaître au nouveau ministre en charge du travail, le mérite d’avoir apaisé dans une certaine mesure la fougue des leaders syndicaux. Mais, il y a loin de la coupe aux lèvres. Alors, il est important de bien entamer le dialogue. Seulement, le conduire jusqu’au bout n’est pas loin de s’apparenter à un travail d’Hercule. Et à ce niveau, le gouvernement béninois n’est pas en terrain conquis. Car, la méthode de négociation de l’Exécutif n’est pas étrangère aux exigences, parfois sans concession, des travailleurs. Ces derniers qui, sous le précédent régime se contentaient de recevoir une part de leurs revendications avant de nouvelles retrouvailles avec l’équipe du président Kérékou ont subitement découvert un président généreux. Boni Yayi a parfois donné plus qu’il n’en fallait, allant jusqu’à offrir des primes faramineuses. Le tout sur fond de reversements de contractuels dans la fonction publique. Mais, puisque les caisses de l’Etat ne sont pas une source intarissable de richesses, il n’y a visiblement plus de ressources pour régler certains soucis des travailleurs. En vérité, la source a tari avant même la sécheresse et ce n’est donc pas une surprise qu’on assiste aux nombreux mécontentements enregistrés au sein des travailleurs qui ont pris d’autres habitudes. Cependant, il faut rappeler que les magistrats ont des revendications qui portent sur un des piliers de notre démocratie. Ils n’ont donc aucune exigence financière envers l’Etat. Si déjà à ce niveau rien n’a été réglé, qu’adviendra-t-il alors des difficultés corporatistes des autres travailleurs ? Qu’à cela ne tienne, l’urgence réside aujourd’hui dans le dialogue, seule et unique porte de sortie pour éviter au Bénin de se transformer en un vaste foyer de tension sociale. Le sens de responsabilité des uns et l’esprit de sacrifice des autres devraient primer au cours du dialogue si dialogue, il y en a puisque visiblement, l’une des parties semble frileuse. Il faut donc trouver les moyens d’instaurer le dialogue au bon moment et le plus tôt serait le mieux. Car, c’est une évidence, on tend inexorablement vers le pourrissement.



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