En toute sincérité : Doing business, l'inévitable sentence !

François MENSAH 23 mai 2013

Le rapport Doing business de la Banque mondiale est tombé et son verdict a été implacable pour le Bénin. Sans surprise, le pays a fait du surplace. Que dis-je ? Le Bénin a gagné une place. Malgré les explications données par le Secrétariat permanent du Conseil présidentiel de l’investissement, il convient de regarder la réalité en face. Il existe encore de multiples entraves qui polluent l’environnement des affaires au Bénin. Nasser Yayi et Aurel Houngbédji ne l’ont pas occulté même si à leurs yeux, ce bond flatteur d’une place est le fruit de certaines réformes opérées par le Conseil présidentiel de l’investissement. Mieux, ils estiment que cette avancée devrait permettre au Bénin d’accélérer les réformes afin d’améliorer son classement. Mais à y voir de près, si rien n’est fait de façon concrète et radicale, le pays va à nouveau se retrouver l’année prochaine en train de gagner ou de perdre un point. Somme toute, la nation sera toujours logée dans les profondeurs du classement, ce qui au finish n’a rien de révolutionnaire. En réalité, pour que le climat des affaires s’améliore dans la République, le chef de l’Etat doit donner au Conseil présidentiel de l’investissement, les moyens de sa politique. Il ne s’agit pas forcément des moyens financiers, mais il faut donner au Conseil dont la mission est de suivre l’évolution des indicateurs du rapport Doing business et d’agir en conséquence, le pouvoir de faire changer les choses. Aux grands maux, les grands remèdes dit-on. La tâche ne sera sans doute pas facile. C’est d’ailleurs un secret de polichinelle que beaucoup de ministres et responsables au niveau de l’administration sont plus ou moins réfractaires aux réformes. Par ailleurs, les forces de l’inertie mettent tout en œuvre pour que les choses restent en l’état. Dans ce cas, le président de la République doit aller au bout de ses ambitions, car sans être doté du pouvoir de sanctionner ceux qui bloquent l’aboutissement des réformes, le Conseil présidentiel de l’investissement ne pourra pas changer la donne. Sa mission risque alors d’être caduque. Père Crébillon disait à dessein que la fortune fut toujours un enfant de l’audace. Boni Yayi doit donc oser comme l’ont fait certains de ses pairs du continent. Tenez par exemple, c’est parce que le président rwandais a pris ses responsabilités en temps utile qu’il a réussi à changer le climat des affaires dans son pays. C’est parce que sous d’autres cieux, chacun sait à quelle sauce il sera mangé en cas de dysfonctionnement à son niveau que les données changent. Or ici, les dysfonctionnements font partie de notre quotidien sans que personne ne soit puni. Le chroniqueur a finalement le sentiment excusez du peu, que sous nos cieux, la certitude de demeurer à un poste, c’est de bloquer les réformes. Dans ce cas, que personne ne s’étonne de notre minable classement dans le Doing business de la Banque mondiale. Pour mémoire, le Bénin est 175ème sur 185 nations dans le classement de l’exercice 2013. Si tel est notre choix, continuons avec les habitudes actuelles et ne nous en prenons qu’à nous-mêmes. Et de surcroît, initions de temps à autre des séances de distraction collective dans le genre zéro retard, zéro dossier dans les tiroirs et que sais-je encore. De toutes les façons, la balle est dans le camp du chef de l’Etat qui sera le premier responsable devant l’histoire.



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