En toute sincérité : Drôle de retraite !

François MENSAH 28 juin 2013

L’homme est appelé à travailler afin de gagner son pain à la sueur de son front comme l’indiquent les saintes écritures. Et après plusieurs années de dur labeur, le repos du guerrier s’impose à tout homme qui a vaillamment servi sa patrie et ses concitoyens. Quand sonne l’heure de la retraite, il est donc normal que tout travailleur puisse obtenir le repos qu’il a mérité. Seulement, cette étape de la vie qui devrait offrir au corps et à l’esprit le calme et l’harmonie qu’il faut pour couler en toute tranquillité les vieux jours se transforme en véritable calvaire pour certains fonctionnaires qui n’ont pas compris à temps qu’il vaut mieux prévenir qu’essayer de guérir. La retraite surprend en effet bon nombre de nos compatriotes qui arrivent difficilement à s’adapter à leurs nouvelles conditions de vie. Lorsque les primes, les à-côtés, les frais de mission et les salaires mirobolants désertent le forum pour céder la place à une modeste pension trimestrielle qui ne couvre pas les charges de la famille, les soucis prennent l’ascendant sur le repos. Du coup, les ultimes années de l’existence se transforment en chemin de croix pour ces malheureux qui, soit par manque de clairvoyance, soit par naïveté, n’ont pas su préparer la fin de leur carrière professionnelle. Des pères de famille au train de vie sulfureux par le passé se muent en indécrottables sangsues qui écument à longueur de journée les résidences de leurs ex collègues à la recherche du strict minimum vital. J’en connais personnellement qui ne jurent que par les dettes. D’autres vivent aux crochets d’épouses qu’ils ont autrefois méprisées. Des incapables se retrouvent même privés d’eau et d’électricité, eux qui ne respiraient que dans les climatiseurs. Hier soir à Mènontin, la Sbee est partie avec le compteur électrique d’un retraité devenu débiteur insolvable depuis quatre ans. Et pourtant, il fut un haut cadre à la rémunération respectable et enviable en son temps. Que dire également de ces hommes qui passent tous leurs week-ends à l’hôtel et leurs soirées en boîte de nuit durant la quasi-totalité de leur cursus professionnel et qui se retrouvent financièrement éclopés au soir de leur vie ? Les plus lâches d’entre eux jetteront leur dévolu sur le destin alors qu’ils sont les vrais coupables de leur triste fin de cycle. Et si c’était le destin ? Peut-on lui en vouloir d’avoir châtié un adulte inconscient qui séjournait dans les hôtels les plus luxueux de la planète sans avoir acheté le moindre centimètre carré en son nom ? La nature ne fait que rendre justice à la société lorsque ces individus insensés se retrouvent sans le moindre sou des décennies plus tard. Malheureusement, cette agonie sociale ne frappe pas que les vrais coupables. Elle étale également ses tentacules sur les enfants, ces pauvres créatures qui n’ont pas demandé à naître et qui du jour au lendemain voient leur existence basculer dans une aventure plus ambiguë que celle de Cheikh Amidou Kane. Le résultat est affligeant et le verdict accablant pour ces innocentes victimes de l’inconscience de leur géniteur. Plusieurs enfants sont ainsi livrés à eux-mêmes, d’autres sont déscolarisés et désemparés. Pendant ce temps, le père honteux et confus se réfugie dans l’alcool, le tabac, les jeux de hasard et que sais-je encore. Fouillez dans les ghettos, les prisons, les centres de désintoxication, les maisons de tolérance et autres centres psychiatriques, vous comprendrez l’ampleur du phénomène, car de nombreux adolescents sombrent dans la déchéance faute d’une retraite non préparée du géniteur. S’assurer une retraite paisible en se privant de certains excès a été la recette toute trouvée par certains travailleurs qui, le plus souvent assurent leurs arrières avant de quitter leurs fonctions pour un repos bien mérité. Toutefois, il faudrait également que les employeurs prennent des mesures adéquates afin de mettre leurs salariés à l’abri du besoin au soir de leur carrière. De toutes les façons, n’oublions jamais que nous ne récoltons que ce que nous avons semé. Ceci devrait inspirer chacun dans ses orientations professionnelles et ses comportements au cours de sa carrière. Histoire de ne pas se mordre les doigts un jour.



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