En toute sincérité : Drôle de lutte !

François MENSAH 18 novembre 2013

La République du Bénin a installé le 15 mai 2012 l’Autorité nationale de lutte contre la corruption (Anlc). L’institution mise en place devrait, en principe, permettre de lutter contre toutes les formes de corruption et d’abus de pouvoir. Mais, la farouche volonté de lutter contre la corruption contraste avec certains agissements du gouvernement béninois. Sinon, peut-on comprendre qu’après le vote et la promulgation de la loi sur la corruption et les infractions connexes, que les moyens en arrivent à manquer à l’autorité en charge de lutter contre ces fléaux ? Le président de l’institution, un illustre magistrat a d’ailleurs été clair sur le sujet. Depuis six mois, les membres de l’Anlc sont sans rémunération. Le budget de fonctionnement de la structure est également quasi inexistant. Sincèrement, cette situation ne peut qu’agiter des doutes sur la volonté de rompre avec la corruption.
En réalité, comment peut-on vouloir effacer la corruption de nos habitudes et attitudes et ne pas donner à ceux qui sont chargés de nettoyer l’écurie d’Augias, les moyens de le faire ? Cette interrogation vaut inéluctablement son pesant d’or puisque l’Etat s’est engagé dans cette aventure qui, en principe, n’avait aucun caractère ambigu. Mais ce que nos concitoyens ont vu et entendu par rapport à la disponibilité des moyens à l’Anlc est grave. Le dilemme est qu’entre la promesse des gouvernants d’instaurer une République dépourvue de corrompus et les moyens pour y arriver, il y a un grand fossé. Déjà, les mécanismes devant officialiser l’existence d’une telle patrie, mère des vertus salvatrices et ennemie des vices destructeurs ont déserté le forum. Rien n’a été officiellement fait pour permettre à l’Autorité nationale de lutte contre la corruption de se doter des instruments devant faciliter la tâche à ses membres dans l’exercice de leurs fonctions.
Et pourtant, comme le précise si bien le magistrat Guy Ogoubiyi, premier responsable de ladite institution, il y a des conditions à remplir au préalable pour encourager le fonctionnement normal de cet organe. La définition d’un plan stratégique d’actions à mettre en œuvre, l’établissement d’un règlement intérieur clair et précis et l’élection régulière des membres du bureau de l’autorité font, entre autres, partie des principes de base qui devraient régir le fonctionnement de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption. En vérité, la volonté de bouter ce fléau hors du pays devrait s’accompagner d’une prise de décisions allant dans le sens d’accompagner ce genre d’initiative. Mais lorsque les membres d’un tel organe restent sans salaire durant plusieurs mois et que les autorités semblent ne pas s’en émouvoir, le citoyen peut se demander alors si les pouvoirs publics ont vraiment eu un jour envie de mettre définitivement en berne la corruption et les autres infractions connexes. De toutes les façons, les membres de l’Autorité de lutte contre la corruption ont déjà affiché leurs ambitions conformément à la mission qui leur a été assignée. A l’Etat de prouver sa bonne foi et sa volonté d’aboutir à l’assainissement de l’administration publique qui passe naturellement par la lutte contre la corruption, en mettant à la disposition des membres de l’Anlc les moyens qu’il faut pour accomplir leur mission. Hier, c’était le Cos-Lépi qui se plaignait de l’absence de moyens. Aujourd’hui, c’est l’Anlc qui soulève la question qui fâche. Posons-nous donc la bonne question : Quelle est la situation réelle de nos finances publiques ?



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