En toute sincérité : Etonnantes frontières !

François MENSAH 20 novembre 2013

Il y a bien longtemps que les frontières du Bénin jouissent d’une réputation peu reluisante dans la sous-région et sur le continent. Pour preuve, de nombreux constats faits sur place corroborent cette assertion. L’un des cas les plus frappants est, sans doute, celui de la portion de terre qui sépare le Bénin de son voisin togolais. Pour s’en convaincre, il suffit d’y faire un tour. Le constat est désolant. Entre la partie togolaise et la partie béninoise, l’écart est considérable. S’il est vrai qu’au niveau des formalités d’usage et de la sécurité des usagers, les Béninois n’ont pas grand-chose à se reprocher, ailleurs, c’est le Moyen-âge qui semble effectuer un retour en force avec des infrastructures routières qui visiblement datent de l’époque de Mathusalem. Tenez, quitter Sanvécodji et joindre Lomé est une véritable partie de plaisir pour les conducteurs. En revanche, de l’autre côté de la frontière, le voyage d’Hilacondji à Cotonou s’apparente à un terrible parcours de combattant. Normal, puisque de Hilacondji à Cotonou en passant par Grand-Popo, Comé, Ouidah, Godomey, la voie est complètement dégradée. Par ailleurs, la double voie qui permet de rallier la capitale togolaise n’a rien à envier au vétuste tronçon restreint qui sert de point de liaison entre la frontière et la capitale économique du Bénin. Pire, les stationnements anarchiques ont pris l’ascendant sur la discipline collective à Hilacondji. La frontière ressemble à un véritable bazar, de jour comme de nuit. Il est vrai qu’un parking payant existe pour les gros porteurs. Ce n’est que l’arbre qui cache la forêt, que dis-je, c’est l’exception qui confirme la règle. Il y a, en réalité, un désordre permanent auquel les autorités béninoises devraient trouver une solution pour éviter d’être l’éternelle risée de la sous-région sur plusieurs plans. Plus qu’une urgence, la réhabilitation de la route qui relie Hilacondji à certaines villes relève d’une obligation, vu les nombreuses transactions qui s’effectuent entre le Bénin et certains pays de la sous-région. Il serait, en effet, inutile de rappeler, par exemple, que ceux qui quittent le Ghana pour le Nigeria, passent presque toujours par le Togo et le Bénin. Et dans ce cas de figure, les passagers n’auront pas du mal à dire que la plaie de la sous-région se situe au Bénin. Pour éviter d’être la gangrène de la sous-région, le Bénin doit prendre des mesures qui s’imposent. La construction d’une double voie entre Hilacondji et Grand-Popo serait la bienvenue pour soulager les peines des usagers de ce tronçon. Ce serait une bouée de sauvetage en attendant de prolonger ensuite les travaux vers d’autres localités telles que Comé, Ouidah et Cotonou. C’est une question d’intérêt national qui engage toutes les composantes de la Nation, le gouvernement en premier. L’Exécutif ne doit justement pas occulter que l’état de la voie peut décourager certains commerçants venus du Niger et qui comptent s’approvisionner au Togo ou au Ghana. Les transactions entre la Côte-d’Ivoire et le Nigeria passent inéluctablement par certains pays tels que le Bénin. Or, nul n’ignore que le nombre important de transactions à la frontière renfloue les caisses de l’Etat. Il serait donc impérieux de se pencher sur le cas de la frontière afin de ne pas faire l’objet d’une calamiteuse exception.



Dans la même rubrique