En toute sincérité : Flirts d’ados !

Naguib ALAGBE 7 avril 2017

Les meilleurs moments sont ceux passés au lycée. Plus jeunes, j’entendais déjà les aînés se le répéter, nostalgiques et pleins d’émotions. Et d’appartenir aujourd’hui à une génération qui le pense tout aussi spontanément me fait réfléchir. Alors, que peut-on en retenir concrètement ? Chacun en a fait sûrement une expérience bien particulière. Mais, il est un pan de ces moments dont l’évocation nous laisse tous, sans moyen. De la première fois, chacun de nous en garde un souvenir irremplaçable. Ces moments d’évasion et de chamboulement au cours desquels se bousculent, dans un petit esprit d’ado, mille et une questions. On le sait tous, ce sont des moments étranges où, il fallait fuir le regard des gens et en même temps, se faire remarquer d’une personne bien particulière. On s’y est pris différemment bien entendu, selon que nous ayons appartenu à une génération ou à une autre. La nôtre, beaucoup plus proche de celle qui l’a précédée se veut assez caractéristique de celle d’avant les tics.

Forcément la belle époque.
Un ami m’a laissé entendre qu’il avait été suffisamment intelligent, pour retenir par cœur l’emploi du temps de son centre d’intérêt. Et qu’il lui fallait faire plusieurs fois par semaine, de grands détours par des chemins bien éloignés du sien, rien que pour profiter de cette présence timide et presque innocente, à laquelle après, il lui fallait penser de très longues heures. Et quand il lui est arrivé de finalement préparer une missive, après avoir lu et disposé, côte à côte, plusieurs cahiers d’amour, d’emprunt ou de location, il a encore dû la côtoyer toute une lune sans jamais avoir le courage de la lui tendre. Au finish, sa lettre arrive à destination et restera sans suite. Plusieurs autres connaîtront le même sort jusqu’au jour où, le bonheur frappa à sa porte.
Le Chroniqueur se souvient particulièrement de cet ami, si calme, qu’il fallait tout faire à sa place. Dire à sa place ce qu’il lui fallait dire, transmettre ses messages dans l’esprit et la lettre, et même arranger pour lui ses rencontres bienfaisantes où, on pouvait se tourner autour des heures durant, sans jamais se regarder ni même se parler. Et quand arrive le jour où la fille se décida la première, à le tenir par le poignet, que ne fût notre surprise de le voir retirer sa main d’un geste brusque avant de se retrouver à passer des jours et des nuits à regretter son acte. Rien à faire, le gars a tout simplement merdé.
Après, il fallait le voir, essayant de se racheter, obligé d’apprendre à dessiner une fleur, gondolée à tous les coups, au verso, et à réciter à la fois, Jacky Rapon, Francis Cabrel et même Julio Iglesias, dans un texte à deux malheureux paragraphes au recto.

Mais, tout ça, c’était avant.
De plus en plus, il n’y a qu’un langage que les filles comprennent. Celui du fric. Les rencontres elles, ont déménagé sur Facebook et sur Wathsapp. Il suffit d’avoir le numéro pour s’offrir la proie. Bien évidemment, il faudra mettre les moyens. Et vous savez ce qu’on dit, si tu ne m’arranges pas, il ne faut surtout pas me déranger. Et le côté passionnel et émotionnel de la chose, a fini par s’étioler. Fini les cœurs qui battent la chamade. L’amour se meurt. Il faut qu’on se le dise. On est en plein à l’ère des sentiments dosables en fonction de ce que le chaud lapin soit porté ou pas à du concret. Normal qu’elles n’aient d’yeux que pour ces voleurs des temps modernes, les Cybercriminels.
Drôle de génération.



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