En toute sincérité : Gouvernement, syndicats, l'inévitable dialogue

François MENSAH 11 avril 2013

Les travailleurs béninois ont pris leurs responsabilités le 03 avril dernier en adressant à la Commission nationale permanente de concertation et de négociations collectives gouvernement/centrales et confédérations syndicales, une demande de convocation. Dans leur courrier, les secrétaires généraux de la Csa-Bénin et de la Cstb représentant leurs collègues enseignants ont rappelé à l’Exécutif, la non satisfaction des revendications des agents permanents de l’Etat par l’équipe gouvernementale. Par ailleurs, le silence des gouvernants et la rupture du dialogue social constituent les principales préoccupations des représentants des travailleurs qui, sans vouloir passer pour des oiseaux de mauvais augure, annoncent d’ores et déjà le retour éventuel des grognes et des mouvements de protestations dans leurs rangs. En agissant de la sorte, les syndicats ont fait preuve de patriotisme et d’esprit de conciliation. Cette démarche salutaire des compères de Dieudonné Lokossou et Gaston Azoua devrait inspirer au gouvernement béninois, une profonde réflexion sur la politique à mener vis-à-vis des acteurs sociaux. Les confédérations et les centrales syndicales ont joué leur partition en tendant la perche à l’Exécutif. Il revient désormais au pouvoir en place de saisir cette main tendue et de profiter de cette opportunité pour ramener le calme et la sérénité dans la famille des serviteurs de la nation. L’occasion faisant le larron, le gouvernement doit afficher sa bonne volonté en appelant à la table du dialogue, les acteurs sociaux qui ont déjà fait le premier pas. Les gouvernants béninois doivent donc saisir la balle au bond et répondre favorablement à cette demande de leurs concitoyens. Honoré de Balzac disait en son temps que le plaisir des disputes est de se retrouver. En dépit des multiples désaccords qui ont souvent plombé les relations entre les travailleurs locaux et leurs employeurs, les deux parties doivent aujourd’hui parler le même langage : celui de la compréhension et du dialogue. Pascal Koupaki et ses collègues du gouvernement doivent réagir promptement au lieu d’attendre les ultimes moments de la crise pour jouer aux sapeurs pompiers. Il serait judicieux de profiter de l’actuelle accalmie qui s’observe dans le milieu social pour aplanir certains différends. Mieux vaut tard que jamais dit-on. Par ailleurs, les multiples menaces des agents permanents de l’Etat et de leurs collègues contractuels et vacataires devraient susciter une réaction rapide de l’Exécutif. Nul n’est censé ignorer les revendications des enseignants qui menacent de ne pas rendre disponibles les résultats de l’année académique en cours. Pire, les examens de fin d’année pourraient être perturbés par le retour des grèves dans le secteur de l’éducation. L’heure du dialogue a sonné pour les deux parties. L’histoire retient pour le moment que les travailleurs ont joué leur partition, l’opinion publique nationale attend de voir le gouvernement à l’œuvre. Il est d’ailleurs dit qu’il vaut mieux prévenir qu’essayer de guérir. Boni Yayi doit donc parer au plus pressé en invitant les acteurs sociaux à une réflexion sur les possibilités de satisfaction de leurs revendications. Un manque de promptitude de la part des chantres du changement et de la refondation donnerait purement et simplement raison aux signataires de la lettre du 03 avril dernier qui estiment que pendant que le pouvoir d’achat des travailleurs de tous les secteurs d’activités du pays ne cesse de s’effriter, le gouvernement se complaît dans un silence étonnant. Et puisque les travailleurs n’entendent pas accompagner l’Exécutif dans cette attitude qu’ils jugent négative, il serait heureux que le dialogue effectue son retour dans la cité. Ce ne serait pas une mauvaise option. Les autorités au plus haut niveau ont le choix entre la négociation et la réfutation des préoccupations des travailleurs. Le peuple jugera en fonction des efforts de chaque partie en temps utile.



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