En toute sincérité : Justice, au-delà du dialogue !

François MENSAH 11 juillet 2013

La crise qui secoue le secteur judiciaire béninois continue de faire des vagues. Les magistrats ont durci le ton. Leur mouvement de protestation a d’ailleurs gagné en ampleur avec l’implication de certains syndicats dans la grève. Le peuple s’attendait à une radicalisation des positions et à une maximisation des décisions. Ce qui bien entendu aurait eu à terme des conséquences fâcheuses sur le fonctionnement de l’appareil judiciaire. Les données ont tout de même changé. Le Conseil supérieur de la magistrature a en effet décidé de faire profil bas en jouant la carte du dialogue. Cette main tendue du vice-président de l’institution Ousmane Batoko a eu le mérite d’adoucir le climat extrêmement tendu et de refroidir l’ambiance électrique qui prévalait jusque-là au sein de la maison justice. Honoré de Balzac disait à juste titre que le plaisir des disputes, c’est de se réconcilier. Le peuple peut à dessein applaudir cette paix des braves qui doit en principe valider le retour de l’harmonie chez les hommes en toge. Fions-nous toutefois à l’adage qui recommande de ne jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. En réalité, au-delà de l’inédite rencontre entre les protagonistes de cette malencontreuse crise, d’autres paramètres sont à prendre en considération. L’Union nationale des magistrats du Bénin réclame toujours la modification de la liste des récentes affectations effectuées dans le secteur judiciaire. Le gouvernement béninois devrait certainement revoir sa copie et corriger le tir. En vertu des principes qui régissent le respect de l’inamovibilité du juge du siège et du respect de la hiérarchie entre magistrats, il serait de bon ton que les revendications des hommes de loi soient prises en compte. Et pour garantir l’indépendance des juges et de leurs pairs de la maison justice, la République doit les consulter avant de rendre effectives certaines décisions concernant leur corporation. Ce qui donnerait à coup sûr tort à ceux qui estiment que la justice est comparable à une toile d’araignée dans laquelle les grosses mouches passent et où les petites restent coincées. Il faut parer au plus pressé car les populations sont les innocentes victimes de ce combat de gladiateurs. Comme le dirait cette maxime qui date d’une autre époque, lorsque les éléphants se battent, ce sont les herbes qui en souffrent. Tenez-le pour dit, s’il vous plaît.



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