En toute sincérité : L'heure des priorités

François MENSAH 25 avril 2013

L’univers médiatique béninois est depuis peu secoué par une affaire de plainte déposée contre le quotidien La nouvelle tribune par le pouvoir en place. La plainte dont il est question ferait suite à la publication d’un article sur les écoutes téléphoniques dont seraient victimes certains citoyens et pas des moindres. Dans leur parution du sept mars dernier, nos confrères ont en effet repris les informations diffusées dans le journal La lettre du continent qui dénonçait cette pratique qui, vraisemblablement émanerait du gouvernement béninois. Le Secrétaire général de la présidence de la République a saisi à ce titre la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication afin qu’elle prenne acte des écrits du journal pour éventuellement réagir comme il se doit en de pareille circonstance. Il est vrai que des accusations ont été portées contre le patron de l’Exécutif. Seulement, la situation socio-économique et politique de la Nation peut, à raison, susciter une autre démarche de la part des gouvernants béninois. Des enjeux majeurs liés au développement du pays attendent en effet Boni Yayi et ses collaborateurs qui gagneraient à se concentrer sur ces objectifs qui sont bien plus importants pour la République. Tenez par exemple, un ministre de l’émirat du Qatar à qui la presse a demandé de faire un démenti sur certaines informations relayées au sujet du régime en place dans son pays a purement et simplement répondu qu’au moment où certains critiquent le pouvoir, ce dernier s’atelle à travailler car, il n’a pas le temps de s’occuper d’eux. En d’autres termes, il rappelle à nos consciences que le chien aboie, mais la caravane passe. Le Bénin ne perdrait sans doute rien en prenant exemple sur ce dirigeant qatari qui a compris depuis fort longtemps que les allégations et les accusations les plus graves ne devraient point empêcher un Etat d’aller au bout de ses ambitions et d’accomplir sa mission. Il est certainement temps que le Bénin aille à l’école de certaines Nations qui se soucient peu des questions aléatoires. En réalité, Boni Yayi et son équipe doivent apprendre à négliger dans une certaine mesure les questions d’opinions pour mieux se concentrer sur les vrais défis qui les attendent. Les faits qui ne rentrent pas en ligne de compte dans le développement du pays peuvent être relégués au dernier plan afin de céder leur place aux priorités liées à l’accomplissement des besoins de la population. Au lieu de perdre de précieuses énergies dans la prise en compte des critiques parfois très acerbes de la presse ou de certains acteurs de la vie active, le gouvernement béninois, que dis-je, le patron de l’Exécutif ferait mieux de se concentrer sur les vraies priorités que sont le bien-être de ses administrés et l’atteinte des objectifs liés à l’émergence du pays. Comme le dit une vieille maxime populaire en Afrique, il faut considérer certains faits comme de l’eau versée sur le dos du canard. Boni Yayi doit apprendre à occulter certains épisodes de l’actualité nationale qui poussent les amis de la plume, du papier et du micro à l’égratigner sans pitié et parfois sans retenue. Ce sont les risques du métier. Etre au pouvoir, c’est également essuyer la colère et les jugements peut-être injustes des citoyens. Les questions d’opinions qui n’influencent en aucun cas le développement du Bénin ne sauraient faire l’objet d’une attention particulière de la part du président de la République ou de son proche entourage. S’il y a le feu au bercail, nul n’est censé savoir où se trouve le foyer pour deviner la manière dont l’incendie va se propager. Il vaut mieux concentrer les énergies de la Nation sur les questions de développement et non sur les broutilles. Le chroniqueur ne se lassera pas de le dire car, le Bénin a mieux à faire que de regarder dans le rétroviseur pour chaque fois passer à la loupe les écrits ou les commentaires de la presse ou des internautes. Qui n’avance pas recule dit-on souvent. Le Bénin a besoin d’avancer. Il faudra qu’il y ait quelqu’un pour appeler au calme lorsque les esprits s’échauffent et que les opinions provoquent l’indignation et la colère dans la République. Si ce dernier était écouté, il sera sans doute le héros de toute une Nation. Nous avons malheureusement le sentiment de n’avoir pas encore découvert une telle personne. Or, sa présence s’avère nécessaire dans certaines circonstances. Attendons de voir.



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