En toute sincérité : L'indispensable réaction !

François MENSAH 5 juin 2013

Un célèbre adage nous recommande d’appliquer aux grands maux les grands remèdes. Et c’est ce que la mairie de Cotonou a fait ce lundi avec l’appui du Ministère de l’intérieur. Une clôture érigée au quartier Agla Hlazounto empêchait en effet l’eau de s’écouler dans son circuit normal. Le calvaire des populations a donc finalement obligé les autorités compétentes à prendre leur responsabilité en ordonnant la destruction, manu-militari, de l’infrastructure qui constituait jusque-là, un véritable problème pour les usagers de cet axe routier qui dessert plusieurs quartiers de la capitale économique. Ainsi, les bulldozers dépêchés sur les lieux ont été sans pitié pour la clôture inattaquable dans un premier temps à cause du titre foncier dont le propriétaire est détenteur. Qu’à cela ne tienne, le ministre de l’intérieur a purement et simplement estimé que l’intérêt de toute une population ne saurait être négligée au profit de celui d’un citoyen lambda, quel qu’en soit les conditions. Cette expropriation trouve donc son essence dans le besoin de satisfaire une utilité publique. A des moments donnés, il faut vaincre des tabous. Nous citoyens de la République, prenons acte de cette courageuse décision qui permettra de soulager les peines des usagers de cette route qui s’est, entre-temps, transformée en lac et qui a fait des riverains des lacustres attitrés. Il est vrai qu’il a fallu détruire l’habitation d’un citoyen qui n’a commis aucune faute en acquérant son lopin de terre dans les normes requises en la matière. On ne fait malheureusement pas d’omelette sans casser des œufs. Mieux, il faut que l’intérêt de la collectivité prime sur celui d’une seule personne. Par ailleurs, au-delà de cette volonté de réduire les peines de ses administrés, il faut voir à travers cet acte de la mairie de Cotonou, une envie de voler au secours des populations qui subissent depuis plusieurs décennies le diktat impitoyable de dame nature qui déverse avec furie ses eaux sur la ville vitrine du pays et qui transforme ses occupants en batraciens à chaque saison des pluies. Nous pouvons à dessein témoigner de la bonne foi des autorités municipales qui ne sont pas restées insensibles aux peines de leurs administrés. La détresse des habitants de Cotonou n’est pas tombée dans des oreilles de sourds. Bien au contraire, l’Etat et la municipalité ont réagi avec brio, ce qui a d’ailleurs permis de constater sur place que la redoutable avenue qui quitte Godomey-Magasin pour Agla-Hlazounto et Fidjrossè n’est plus comparable au lac Titicaca ou au fleuve Congo. L’eau a retrouvé son lit habituel d’écoulement grâce aux efforts des autorités en charge de l’épanouissement des populations. La mairie de Cotonou vient à travers cette réaction salvatrice pour les populations de donner tort à Félicité de Lamennais qui estime que le cri du pauvre monte jusqu’à Dieu mais ne parvient pas aux oreilles de l’homme. Ce pas symbolique pour la cité et utile pour ses habitants devrait constituer un surcroît de motivation pour la commune de Cotonou et les autres villes qui doivent désormais apprendre à franchir les obstacles qui se dressent sur leur route quand il s’agit de satisfaire les électeurs quelles que soient les méthodes employées. Jean-Paul Sartre disait à juste titre que tous les moyens sont bons quand ils sont efficaces. Et lorsque les choses se font dans les règles de l’art pour des résultats palpables et appréciables, nous devons avoir le courage de rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Ceci, puisque notre modeste ambition est de contribuer au développement de la cité en dénonçant ce qui ne va pas et en encourageant toutes les initiatives qui concourent au bien-être de nos compatriotes. La mairie de Cotonou vient de démontrer qu’elle peut déployer la vraie artillerie lorsqu’il le faut. C’est une démarche salutaire qui ne devrait toutefois pas constituer une fin en soi. D’autres situations attendent les responsables de la municipalité de Cotonou qui ne doivent pas hésiter à retrousser leurs manches lorsqu’il s’agit de supprimer ou de réduire les difficultés de leurs administrés. C’est le meilleur moyen de valider leur élection aux yeux de ceux qui leur ont accordé leur suffrage en son temps.



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