En toute sincérité : L'inondation à Cotonou !

François MENSAH 16 mai 2013

C’est plus qu’un euphémisme que d’affirmer que le Cotonois ne se porte plus à son aise depuis que la saison des pluies a démarré. L’éternelle ritournelle qui ressurgit chaque année est de retour dans la plus grande agglomération du pays. La dictature de la nature est sans pitié pour les populations qui subissent les affres de l’inondation à chaque saison pluvieuse. Dans le même temps, les autorités municipales disent faire des efforts considérables pour éradiquer ce fléau cyclique qui leur oppose une farouche résistance à cause du manque criant de moyens. Le même processus reprend alors chaque année. On prend les mêmes acteurs pour les mêmes rôles. La pluie continue de dicter sa loi aux populations avec son cortège de sinistrés et de pertes en vie humaine. Le mal vivre des populations se poursuit ainsi comme étant une indécrottable fatalité. Et c’est justement cette fatalité qu’il faut combattre. Sinon, à quoi cela sert-il de s’engager en politique si l’on est d’avance persuadé qu’il n’y a rien à faire pour empêcher les administrés de braver l’insolence et la furie des eaux pour regagner leurs domiciles respectifs ou vaquer à leurs occupations quotidiennes. Le maréchal Foch nous enseigne pourtant qu’accepter l’idée d’une défaite, c’est être vaincu d’avance. En réalité, de nombreux points d’ombre subsistent en ce qui concerne la faillite du système face aux inondations. Tenez par exemple, la politique d’assainissement de la ville de Cotonou est-elle réellement adaptée aux réalités de cette grande agglomération ? Ou alors s’agit-il d’une pure démagogie appuyée par des médias consentants et angéliques à l’extrême ? En attendant de répondre avec précision à ces légitimes interrogations, il faudrait que les Cotonois fassent l’effort de se regarder en face. Entre les autorités municipales qui se plaignent constamment et les spécialistes en aménagement du territoire qui tirent à boulets rouges sur l’opération ’’Cotonou en campagne contre les inondations’’ mieux connue sous l’appellation ’’3CI’’, c’est une éternelle guéguerre qui a fini par lasser les habitants de la capitale économique du Bénin. En toute sincérité, Cotonou est fatiguée d’échouer dans sa lutte contre les inondations. J’en viens à me demander si l’impuissance de toute la cité contre les caprices de dame nature est inéluctable ou implacable. L’heure est grave. Les discours et les complaintes doivent s’éclipser au profit des actions d’envergure à même de soulager les peines des populations. Il faut désormais que les Cotonois cessent de baisser les bras devant les eaux, car comme le dit si bien George Meredith, la lutte donne au triomphe la saveur de la passion, et la victoire embellit la conquête. C’est dire qu’aucune idée, aucune initiative, ni aucun camp ne devrait être rejeté pour que la réflexion se fasse autour de l’assainissement de la ville vitrine du pays. Ceci afin de mener des actions d’envergure qui peuvent se révéler salvatrices pour ses habitants. Face à l’ampleur des problèmes liés aux inondations, il convient de balayer du revers de la main certaines appréhensions et idées destructrices. Ainsi par exemple, la solution ne saurait résider dans la fameuse thèse du ôte-toi pour que je m’y mette. Le constat est clair, l’inondation n’a pas reculé malgré tout ce que les finances publiques y injectent comme fonds. Le péril est grand et la douleur commune. Tous, main dans la main, sans distinction de catégorie sociale ou de chapelle politique, nous avons l’obligation de réfléchir pour dompter les eaux, même si la lutte s’annonce extrêmement difficile. Voilà pourquoi, il convient de jeter dans les poubelles de l’histoire les discours fatalistes des responsables municipaux et l’incivisme notoire dont nous, citoyens faisons également montre parfois. C’est une urgence.



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