En toute sincérité : La dot est tout !

Naguib ALAGBE 19 janvier 2018

Et si on partageait nos expériences ? La conviction récente du chroniqueur là-dessus, est que jamais et au grand jamais, la dot ne devrait disparaître. La raison en est simple. Très simple même. Il suffit de le voir pour le croire. Le fait est que chez nous, l’union entre deux êtres s’attache malgré tout, à des pratiques ancestrales. Et contrairement à ce qu’il paraît, là et nulle part ailleurs, se trouve la légitimité.
Il y a par exemple cette assurance qui se dégage de la posture de celle-là même en qui il convient de reconnaître une maîtresse de cérémonie. Quand, complètement dans son élément, elle va et vient, confiante du caractère central de son rôle, chantant et dansant, devant un public complètement admiratif. Pour atouts, elle n’eut guère besoin de quelque loi que ce soit. Son éloquence, sa culture linguistique et son charisme lui ont suffi largement.
C’est elle qui, présent après présent, se charge de rendre compte de la démarche de la famille Hôte.
Parlons justement de ces présents dont la révélation du sens occupe la première partie de la cérémonie. Ils ne dérogent pas cependant, à leur caractère symbolique.
Au père de la mariée par exemple, il pouvait ne revenir qu’une bouteille de whisky et une somme de 5000 francs Cfa. Cela a souvent suffi à son bonheur. Symbole encore une fois.
Et, notre maitresse de cérémonie, quelque peu flatteuse, de fièrement les introduire à travers une maxime, un adage, une sagesse ou un panégyrique dont l’assistance reprend spontanément l’écho. De quoi vous donner la chair de poule.
Et puis, dans certaines cultures, l’instant fatidique où tout le monde retient son souffle. Il faut consulter les ancêtres. Eux seuls ont le dernier mot.
Alors, silence de cimetière. Sur tous les visages, se lisait une sorte de stress en attendant le verdict. Et quand le ‘’Djôgbé’’ est obtenu dès le premier jet du chapelet divinatoire, il n’y a pas eu d’applaudissements, mais beaucoup de bruits et des accolades.
Il venait de se passer quelque chose de fabuleux m’avait-on expliqué. Les morts ont donné leur caution, sans condition aucune. C’était une chance qui méritait d’être célébrée, car, il leur arrivait de se faire prier.
Inutile de vous dire que l’assistance qui s’était ainsi réjouie des conclusions du Fâ, était chrétienne en majorité. Symbole encore.
Maintenant, parlons de Tangninon. On ne peut ne pas la mentionner. Une sorte de reine mère dont le rôle est on ne peut plus central. Une vraie femme de pouvoir. Et, symbole toujours.
Sauf qu’il n’y eut pas de ‘’Vive les mariés’’, ni de ‘’je vous déclare mari et femme’’ prononcé par le maire, un parfait inconnu de part et d’autre. Ici les deux familles, pour avoir consenti au mariage et joué les premiers rôles, ne pouvaient que fondre en bénédictions. Rien à voir avec les fois où, elles sont reléguées au second plan et installées au fin fond de la salle, d’où elles ne pouvaient qu’assister, impuissantes, à une proclamation probablement insensée à leurs yeux.
En fait, pour elles, la dot est tout. Tout autre chose n’est ni plus ni moins que mimétisme.



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