En toute sincérité : Le parquet général n’aide pas Yayi

François MENSAH 22 octobre 2013

La justice béninoise serait-elle en berne ? C’est la question que se posent bon nombre de mes compatriotes au sujet du retour au devant de l’actualité nationale du dossier lié aux tentatives d’empoisonnement et d’assassinat du chef de l’Etat. En effet, le dossier a fait l’objet d’un pourvoi en cassation de la partie civile. Ce qui est normal. Et lorsque les avocats de la défense ont interpellé le procureur général au sujet de la transmission du dossier à la Cour suprême, sa réponse a été claire. Maître Kato Atita, avocat du président de la République et ses collègues auraient demandé à la chambre d’accusation de la Cour d’appel d’interpréter son arrêt. Ladite chambre a, pour sa part, déclaré son incompétence à interpréter la décision dont il est question. Mais une question reste posée. Pourquoi est-ce que le procureur général se refuse d’envoyer le dossier à la Cour suprême ? Il est en principe de son ressort de transmettre le dossier à la chambre judiciaire de la Cour suprême, juridiction compétente en la matière. Ce qui n’a pas été fait. En toute sincérité, le procureur général s’est-il rendu compte que les arguments ne seront pas en sa faveur devant les magistrats ? Le procureur général a-t-il oublié qu’en ne rendant pas à la collectivité le service qu’il faut, il se rend coupable d’une faute professionnelle remarquable ? L’homme se rend alors coupable de voie de fait. Et personne ne ratera l’occasion de le clamer haut et fort. Car, si dans la chaîne judiciaire, il y a des maillons qui bloquent le fonctionnement normal des choses, le citoyen béninois est en droit de se poser des questions sur la solidité de cet Etat de droit. En réalité, le procureur général est loin de s’imaginer qu’il ne rend pas service au président de la République. Par ailleurs, l’illustre magistrat oublie-t-il que les avocats ne manqueront pas de verser ces éléments au dossier parisien ? Qu’est-ce qui justifie alors ce jusqu’au-boutisme qui de toute vraisemblance est de mauvais aloi ? Si Boni Yayi avait voulu se faire justice dans ce dossier, il n’aurait certainement pas saisi les juridictions compétentes en la matière. Il aurait usé du fait du prince. C’est dire alors que le chef de l’Etat a, sans doute, choisi de laisser la justice jouer pleinement son rôle dans le règlement de cette affaire. On peut se demander alors, à dessein, pourquoi est-ce que le procureur général a, de son propre chef, décidé de plomber le cours normal d’une procédure judiciaire ? Ce qui est sûr, le procureur général doit se rappeler qu’il a eu un prédécesseur à ce poste. Ce qui devrait l’amener à comprendre qu’il est toujours mieux de servir la loi. Apparemment, les exemples récents manquent d’inspirer les hommes du présent. Et, c’est dommage.



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