En toute sincérité : Le royaume des ingrats !

François MENSAH 27 juin 2014

C’est avec beaucoup de facilité que nos contemporains, surtout les grands intellectuels, se dirigent de façon solennelle vers les dépouilles mortelles de certains citoyens de la République pour leur rendre de remarquables hommages. Costumes, chemises, cravates, accoutrements de valeur et dépenses exorbitantes se disputent souvent les premières loges à l’heure des reconnaissances. Mais au moment où les pauvres défunts rasent les murs et cherchent à mettre un terme à leur galère quotidienne les amis, frères, collègues et camarades de l’indigent disparaissent comme le fit El Hadj Omar dans les grottes de Bandiagara en 1864. Mais dès que l’infortuné compagnon abandonné de tous avale son acte de naissance et que le décès est constaté puis confirmé, les amnésiques d’hier se souviennent miraculeusement de l’ami et du frère d’entre temps et se mobilisent de façon remarquable pour lui offrir des obsèques qui, dit-on, seront dignes du nom. Le faux frère qui en son temps a refusé de donner une modique somme de mille francs Cfa à son prochain pour qu’il survive est tout de même prêt à se payer un costume de cent mille francs pour se pavaner lors des funérailles du malheureux qu’il n’a pas secouru dans ses moments les plus difficiles. Ainsi va la vie. Mais si cette maldonne devrait se poursuivre, le chroniqueur donnera certainement raison au grand chanteur français Francis Cabril qui estimait que Dieu irait s’asseoir sur le rebord du monde pour voir ce que les hommes en ont fait. Et à ce juste titre, le chroniqueur s’étonne de voir un parterre impressionnant de personnalités s’inviter de façon opportuniste aux cérémonies de recueillements initiées après la mort d’artistes, de journalistes ou d’ex grands serviteurs de la nation qui trépassent dans l’anonymat, sans l’assistance de la République à qui ils ont tout donné. Il vaut mieux reconnaître à chacun ce qui est dû à son rang quand il est encore temps au lieu de jouer les hypocrites à titre posthume. N’oublions pas que chacun a son tour chez le coiffeur. L’ingratitude et le manque de reconnaissance envers les autres étant malheureusement dans les habitudes de nos contemporains, je me demande hélas à quand la fin de ce déséquilibre mental.



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