En toute sincérité : Légitime cri de détresse du privé !

François MENSAH 4 décembre 2013

L’Assemblée nationale doit jouer sa partition pour l’amélioration des relations entre les entreprises privées et l’Etat béninois. C’est le souhait du patronat de notre pays. Reçu en audience par le président de l’Assemblée nationale lundi dernier, Sébastien Ajavon l’a clairement rappelé. Le patron des patrons du pays a signifié aux élus du peuple à travers leur premier responsable, l’amertume du Conseil national du patronat. L’homme n’y est pas allé du dos de la cuillère pour dénoncer certaines pratiques qui, vraisemblablement, ne sont pas du goût des opérateurs économiques nationaux. Le contentieux qui oppose aujourd’hui le gouvernement béninois et la Société commune de participation (Scp) ne passe d’ailleurs pas inaperçu. Cette rupture unilatérale de contrat entre les deux partenaires d’hier devenus ennemis aujourd’hui est connue de tous. En d’autres termes, depuis que les anciens alliés ne parlent plus le même langage, des textes ont été ignorés et les choses ne se font plus dans les règles de l’art. Or, en optant pour le passage en force, l’Etat béninois a visiblement choisi de se couvrir de dettes puisqu’en temps utile, la justice va donner raison à Patrice Talon et à son groupe qui, bien entendu, vont bénéficier de dommages et intérêts non négligeables. Le mépris apparent des autorités vis-à-vis des investisseurs nationaux au profit de capitaux étrangers n’est également pas loin de constituer un os étouffant dans la gorge de l’économie nationale. Le résultat est d’ailleurs triste, amer, et frappant. De même, la consternation, la frustration, la déception et la désolation ont élu domicile chez les opérateurs économiques locaux qui contribuent énormément au renflouement des caisses de l’Etat en payant leurs impôts et taxes. Et donc, de nombreuses difficultés liées au non respect des contrats entre l’Etat et ses partenaires privés, les problèmes de personnes et le harcèlement fiscal sévère exercé sur certaines entreprises privées ont fini par faire l’objet de gigantesques révélations émanant d’un homme frustré. Sébastien Ajavon, puisque c’est de lui qu’il s’agit, dénonce de nombreux autres dysfonctionnements qui minent le secteur économique national et jettent, à tort ou à raison, du discrédit sur la destination Bénin. Mieux, au contact des populations de la ville de Djougou le week-end écoulé, le chef de l’Etat a estimé que son pays a besoin d’un secteur privé vertueux. Cette noble ambition du locataire de la Marina est à saluer. Ce n’est rien d’autre qu’une vision de développement. Seulement, les signaux étant au rouge à plusieurs niveaux, il est de bon ton que les citoyens béninois s’interrogent. Que fait l’Etat pour favoriser l’existence d’un secteur privé vertueux ? Qu’entend-on par secteur privé vertueux ? D’aucuns vous diront que le président béninois est le seul à connaître les critères d’existence du secteur privé vertueux selon son entendement. Et pourtant, Boni Yayi prônait un renouvellement de l’administration béninoise. Ce toilettage devait, selon lui, favoriser l’émergence d’une administration nationale plus efficace et plus crédible. Il y a eu finalement beaucoup de phrases et peu d’actions concrètes allant dans ce sens. Boni Yayi ne devrait guère occulter une chose : L’histoire retiendra son nom. Or, Roger Nimier nous apprend qu’on ne pardonne pas à un homme qui s’est créé ses propres limites. L’actuel « père de la Nation » doit se le tenir pour dit. Il a été mandaté pour faire le bonheur de son pays et non pour le faire reculer en ne prenant pas les décisions adéquates allant dans le sens du développement de la Nation.



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