En toute sincérité : Les fonds Fadec à la loupe !

François MENSAH 27 juin 2013

L’Assemblée nationale a voté mardi dernier une proposition de résolution en vue de la création d’une Commission parlementaire d’information, d’enquête et de contrôle sur la gestion des Fonds d’appui au développement des communes. Le processus d’audit des fonds Fadec dans les 77 communes du Bénin devrait ainsi se dérouler sur une période de 90 jours sous la houlette d’une Commission en charge du contrôle et composée de dix membres. Plusieurs points relatifs à l’utilisation de ces ressources allouées par les partenaires au développement devraient donc faire l’objet de cette procédure d’enquête. Cette noble initiative qui vise à améliorer la gouvernance locale et à encourager la bonne gestion des ressources de la collectivité ne peut que réjouir le Béninois lambda qui veut naturellement avoir une idée sur la manière dont l’argent du contribuable est géré par les élus locaux. La représentation nationale vient donc de poser un acte salutaire en prenant ses responsabilités, elle qui est garante des intérêts du peuple. Toutefois, au-delà de l’enthousiasme suscité par la prise de cette décision, l’opinion publique est en droit de se poser des questions eu égard à certains paramètres qui entourent la question.
En réalité, nul n’est censé ignorer, que les maires sont le plus souvent les ennemis intimes des députés en ce qui concerne notamment le contrôle des fiefs et les querelles de leadership. Au-delà de l’envie de faire régner la transparence dans nos communes, espérons qu’il n’y ait point de tentatives de règlement de compte qui se cachent derrière cette initiative certes louable mais dans une certaine mesure suspecte. Le réveil tardif des parlementaires à la veille du renouvellement du mandat des élus locaux pourrait à dessein traduire une stratégie de déstabilisation de certains challengers politiques devenus trop encombrants. Il est de notoriété publique que certains maires font parfois ombrage aux députés de leur localité. Ce qui est souvent considéré comme un crime de lèse-majesté.

L’occasion faisant le larron, certains élus du peuple ne louperont pas l’occasion en or pour écarter des élus locaux qui ne sont pas en odeur de sainteté avec eux. Notre but n’est point de défendre un quelconque élu municipal, mais permettez-nous de douter. Notre doute est d’ailleurs renforcé par cette sorte de volonté sélective qui se dégage du vote des parlementaires. Ceci puisque cette envie d’en découdre avec les mauvais gestionnaires des fonds publics aurait pu débuter ailleurs. Ce souci de bonne gestion pouvait germer à d’autres niveaux, que dis-je, à des niveaux plus élevés. Que fait-on par exemple du fonctionnement des entreprises publiques, de la gestion des programmes d’investissements publics ou encore des nombreux dossiers scabreux qui agitent la République depuis plusieurs années ? Et pourtant, certains cas méritent une attention plus importante que la gestion des fonds Fadec. En effet, si le peuple béninois a le devoir de saluer cette noble initiative des députés, il est également en droit de se poser des questions. Le chroniqueur dit oui à une vérification de la gestion des fonds Fadec, mais il dit non à une enquête qui s’applique uniquement aux seuls maires qui ne sont pas les seuls gestionnaires des biens du contribuable béninois. En temps utile, les torchons ne devraient pas passer pour des serviettes. En d’autres termes, les velléités opportunistes ne sauraient être citées en exemple lorsqu’il s’agira de parler de lutte contre la corruption et de mauvaise gestion. Rien n’est assez précis pour le moment, mais des questions restent posées car le peuple a le droit de douter. Et le temps nous édifiera. C’est du moins ce que je crois.



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