En toute sincérité : Mca, l’immense désillusion !

François MENSAH 12 décembre 2013

Un véritable drame vient de s’abattre sur le Bénin. Le deuxième compact du Millénium challenge account vient d’être retiré à la terre de Béhanzin et de Bio Guerra. L’information est désormais officielle. Les États-Unis ont retiré leur confiance au Bénin. Cette énorme perte ne saurait passer sous silence dans un petit pays très pauvre comme le Bénin. En effet, ce sont plusieurs milliards de francs Cfa généreusement mis à la disposition de la Nation par un partenaire « Vip » qui partent en fumée. Et pourtant, le Millénium challenge account a permis au Bénin d’obtenir de nombreux avantages. Entre autres, il y a les tribunaux érigés à Djougou, Natitingou, Pobè et les cours d’appels qui ont vu le jour dans plusieurs localités du pays. L’accès au foncier est devenu une réalité grâce à cette aide salutaire émanant du pays de l’oncle Sam. Le Bénin vient malheureusement de laisser filer cette opportunité de développement. Le cuisant revers subi par la Nation dans le processus d’obtention du deuxième compact du précieux Mca est, figurez-vous, dû en majeure partie, aux lacunes notoires enregistrées dans la lutte contre la corruption au Bénin. Et dire que c’est dans ce même pays que le président de la République a initié une gigantesque marche verte contre la corruption. Ladite marche n’a finalement pas fait des émules. En vérité, les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Pire, le peuple a été emberlificoté et embrigadé par des discours flatteurs et des propos dénués de réalisme. Le cuisant revers enregistré par le Bénin interpelle les consciences de ceux qui, à un moment donné, ont eu l’opportunité de prendre des décisions qui engagent la responsabilité de l’Etat. Les anciens ministres Pascal Koupaki et Réckya Madougou, certains collaborateurs actuels du chef de l’Etat, notamment Valentin Djènontin et Marcel de Souza, certains conseillers dont Amos Elègbè, doivent fournir des explications au peuple béninois. Le contribuable a besoin de savoir dans quelles circonstances le Bénin a perdu un si précieux sésame. Le Général Mathieu Kérékou a eu le mérite d’obtenir le financement pour le Bénin. Son bilan criblé de critiques acerbes et vitriolé de tous n’a toutefois pas souffert de la perte du compact du Mca. Mais, l’actuel régime n’a pas réussi à conserver cet acquis de taille. La promotion de certaines attitudes peu orthodoxes dans l’attribution des marchés et l’instauration d’un système qui encourage la corruption et l’octroi de pots de vin ne sont pas étrangères à la détresse actuelle de l’économie nationale. La combine et l’empire de la mauvaise gouvernance ont pris l’ascendant sur les vertus et les valeurs qui régissent le fonctionnement normal d’une République démocratique. En vérité, j’ai l’amer sentiment que ceux qui ont décidé de se partager la manne étatique sans tambour ni trompette ont enfoncé le pays dans le gouffre. Cette Nation, me semble-t-il, est en train de sombrer. Le mal endémique qu’est la corruption s’est accaparé de la République et les conséquences ont été immédiates. Les Etats-Unis ont scellé le sort du partenariat qui leur permettait de donner une bouffée d’oxygène au Bénin. Des pays frères tels que le Togo, le Niger, le Gabon ou encore le Liberia ont su exploiter les avantages du Millénium challenge account à bon escient. On peut se demander alors comment est- ce que le Bénin a pu perdre ce compact. Il est dit qu’à grand voleur grande révérence et à petit voleur grande potence. Par ailleurs, s’il fallait écouter les Béninois de la rue, on percevrait aisément leurs plaintes et leurs révoltes comparables au grondement d’un orage avant son déclenchement. Nous vivons visiblement dans un pays marqué par la corruption des hommes et l’avilissement des mœurs de la République. Tenez, les dossiers Icc Services, Cen-Sad, les rançonnements répétés, les concours organisés sur fond de contestation et les multiples dysfonctionnements dénoncés à tue-tête par des citoyens en quête d’une patrie vertueuse ne doivent pas passer inaperçus. Il est dit que les hommes politiques ressemblent à des oiseaux, à la seule différence que ces oiseaux suspendent de façon périodique leur vol pour observer un repos stratégique et utile. Les hommes politiques ne cessent jamais de voler selon le constat fait par certains de nos compatriotes. Cette tristement célèbre réputation fait hélas toujours école au grand dam des citoyens épris d’équité et de justice. Il faudra certainement revoir la donne à divers niveaux afin de ne pas donner raison à ceux qui pensent que sans parrain et sans ami ou frère, obtenir un marché ou travailler convenablement pour le pays est quasiment impossible. La situation est assez grave et les responsables concernés doivent agir afin de corriger le tir. Il n’est pas encore tard pour revoir la donne. Rien n’est définitif, tout peut être refait. Et c’est de cela qu’il faut se souvenir en toute urgence car, le Bénin a perdu un investissement colossal. Il faut y penser inéluctablement. Sinon, c’est le pays qui risque de s’en mordre les doigts.



Dans la même rubrique