En toute sincérité : Non historique à la mouvance !

François MENSAH 27 novembre 2013

Les élus du peuple issus de la majorité présidentielle étaient, ces dernières heures, en séance de vérité avec le chef de l’Etat. Des sujets sensibles de l’actualité nationale étaient au cœur des échanges. Et comme il fallait s’y attendre, le très brûlant dossier lié à la réquisition des usines de la Sodeco et au changement de dirigeants à la tête du Conseil d’administration de cette structure ont fait l’objet d’une large concertation entre Boni Yayi et les députés acquis à sa cause au parlement. Pour une affaire aussi importante, il était bien entendu de bon ton que le chef de l’Exécutif consulte ses lieutenants. Et justement, au-delà de la simple consultation, le président de la République a sollicité le soutien de ses alliés pour l’aboutissement du processus d’expropriation des usines de la Sodeco et dans sa volonté de retirer à son principal partenaire, pour la gestion de la campagne cotonnière 2013-2014, ses actions. Somme toute, Boni Yayi attendait de ses alliés politiques de l’Assemblée nationale, la délivrance d’une carte blanche. Ce précieux soutien devrait en principe permettre au locataire de la Marina de poursuivre sans remords son œuvre de destruction du contrat établi avec son partenaire privé. Mais chose curieuse, les députés de la majorité au pouvoir ont plutôt manifesté une certaine désapprobation vis-à-vis des velléités de leur leader. Certains n’ont d’ailleurs pas hésité à ouvrir la boîte de Pandore. De Mathurin Nago à Cyriaque Domingo en passant par Rachidi Gbadamassi, les langues se sont déliées. Et à cette inédite occasion, des propos concrets ont été tenus. Les élus de la majorité au pouvoir n’y sont pas allés du dos de la cuillère pour émettre de sérieuses réserves sur les initiatives du docteur président. La pertinence était de mise et le réalisme a pris ses quartiers lors des échanges. Et pour cause, la Cour commune de justice et d’arbitrage étant l’organe compétent pour gérer les litiges entre les deux parties qui se sont entendues en son temps, le forcing du gouvernement et de son chef n’a pu recueillir l’avis favorable des députés Fcbe et de leurs alliés. Ces derniers ont en effet compris que le duel fratricide que se livrent Boni Yayi et son ancien compagnon Patrice Talon a été transformé de façon funeste et rocambolesque en affaire d’Etat. Toutefois, les parlementaires ont refusé de se faire emberlificoter par cette farouche volonté de nuire à un individu tout en sacrifiant les intérêts de la collectivité. Les élus du peuple viennent ainsi de démontrer leur maturité politique qui, semble-t-il, a pris l’ascendant sur l’appartenance politique. En toute sincérité, la République des béni-oui-oui a baissé pavillon devant la Nation des soutiens réalistes et sincères. En disant la vérité à leur leader, les députés de la majorité présidentielle ont rendu un énorme service à leurs coalitions et alliances politiques respectives. Et si la crise entre l’Etat et la Société commune de participation en arrive à susciter des divergences entre le chef de la majorité présidentielle et ses alliés qui siègent au parlement, c’est dire alors qu’il y a une urgence qui s’impose au plus haut niveau. Le gouvernement doit à ce juste titre revoir sa copie et corriger le tir. Comme on le dit si bien, il n’y a pas de fumée sans feu. Boni Yayi doit le savoir et agir en conséquence et à temps afin d’éviter de jouer le sinistre rôle du médecin qui tente d’intervenir après le décès de son patient.



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