En toute sincérité : Quand le parlement déjoue les pronostics !

François MENSAH 22 mai 2013

Le sept juin prochain, les sept sages de la prochaine mandature de la Cour constitutionnelle sont appelés à prêter serment. A quelques jours de cette échéance, les regards sont tournés vers le Chef de l’Etat et le bureau de l’Assemblée nationale qui ont été mandatés par la loi fondamentale pour désigner les prochains membres de la Haute juridiction. Mais curieuse anecdote, alors que les supputations allaient bon train sur la probable composition de la prochaine Cour constitutionnelle, l’Assemblée nationale a pris toute la nation à contre-pied en décidant de reconduire purement et simplement Théodore Holo, Bernard Dégboé, Zimé Kora Yérima et Marcelline Gbèha Afouda. La représentation nationale a ainsi donné raison à Auguste Comte qui ne cessait de marteler en son temps que nul ne possède d’autre droit que celui de toujours faire son devoir. Ce qui a été donc fait par le parlement. Il n’y a donc plus de suspense à ce niveau puisque les dés sont déjà jetés. Si au regard de la compétence des quatre sages reconduits, il n’y a rien à redire, le Béninois lambda est en droit de se poser des questions sur le sens des choix des membres du bureau de l’Assemblée nationale. Il est en effet loisible de constater l’absence de deux grandes familles politiques membres du bureau du parlement et prétendant au fauteuil présidentiel pour les joutes à venir. La Renaissance du Bénin et l’Udbn, puisque c’est d’elles qu’il s’agit n’ont finalement pas eu gain de cause. Donc par ricochet, ce sont les prétendants Léhady Soglo et Pascal Koupaki qui sont les deux grands perdants si l’on fait une profonde et minutieuse analyse de la situation qui se présente actuellement. Dans le même temps, il ne serait pas faux d’estimer que Mathurin Nago sort vainqueur de ce match à distance puisque l’un de ses proches, de surcroît issu de la même région que lui, je veux nommer Bernard Dégboé a été reconduit. Et lorsqu’on se remémore le coup de pouce du destin que la Cour sortante a donné à Mathurin Nago lorsqu’il devait éviter de glisser sur des peaux de banane quand il présidait la précédente législature, on peut se dire qu’il a bel et bien remporté cette première bataille. Georges Pompidou disait à dessein qu’il ne suffit pas d’être un grand homme, il faut l’être au bon moment. Sans vouloir précipiter les choses, certains Béninois voient déjà en ce renouvellement de confiance quasiment surprenant aux représentants du parlement à la Cour constitutionnelle, un probable signe du destin. D’autres vous diront d’ailleurs qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Il s’agirait peut-être d’un signe de reconnaissance gracieusement adressé aux quatre sages représentant le parlement au sein de la haute juridiction. Une reconnaissance qui ne serait peut-être pas anodine. De toutes les façons, le temps nous édifiera. Mais en attendant, les regards sont tournés vers le président de la République qui doit à son tour opérer ses choix. A ce niveau, d’énormes changements sont annoncés. Mais puisqu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué au risque de faire de mauvais pronostics, il serait plus rationnel d’attendre la décision du premier magistrat avant de tirer les conclusions sur le vrai visage de la prochaine Cour constitutionnelle.



Dans la même rubrique