En toute sincérité : Rendre l'impossible envisageable !

François MENSAH 9 avril 2013

C’est un doux euphémisme que de dire que notre pays n’est pas au mieux de sa forme. Malgré ce marasme, certains de nos compatriotes forcent notre admiration par la pertinence de leurs réflexions. Très peu de Béninois connaissent sans doute le nommé Aurélien Agbémonci, coordonnateur résident et humanitaire des Nations Unies au Mali. Et pourtant, ce citoyen béninois a décidé d’opiner sur la situation économique, politique et sociale de son pays, malgré son statut de fonctionnaire des Nations Unies. Nous pouvons naturellement ne pas être d’accord avec ses opinions, ne pas partager ses points de vue, mais nous devons reconnaître dans une certaine mesure qu’il montre la voie à suivre. Son opinion publiée sur la toile et dans les colonnes de La Nouvelle tribune devrait en principe inspirer tous ceux qui se voient dans la peau de futurs dirigeants du Bénin. Le devoir de se ressaisir prôné par Aurélien Agbémonci dont l’avis est personnel et non relatif à ses fonctions actuelles, est un véritable appel lancé à ses concitoyens qui sont invités à prendre leur destin en main et à cesser de subir les affres de la mauvaise gouvernance et de l’extrême pauvreté. Il faut en effet savoir transgresser les habitudes, les conformismes et les traditions pour pousser la patrie vers l’excellence. Or, il est aisé de constater que les débats, les propositions concrètes et les confrontations d’idées sont une denrée rare dans la nation béninoise. Chacun se contente en effet de rester inlassablement coincé dans ses quatre murs et d’attendre les périodes électorales pour agir. Cette attitude qui s’est érigée en coutume sous nos cieux consiste ainsi à prendre les populations pour des moutons de Panurge à qui il est demandé d’opérer des choix sans qu’il n’y ait eu de débats sur les grands enjeux concernant la République. Dans ce contexte particulièrement suicidaire, nul ne devrait s’étonner que le Bénin continue de tourner en rond et de faire du surplace. Qui n’avance pas recule dit-on. Dans le même temps, d’autres nations telles que le Rwanda, le Botswana, l’Afrique du Sud et le Ghana, pour ne citer que celles-ci, font des bonds qualitatifs en matière de développement et d’émergence sur le plan socio-économique et politique. Le compatriote Aurélien Agbémonci demande justement à ses frères béninois d’ouvrir les yeux en se ressaisissant en vue de retrouver la voie de la sagesse et l’ambition du développement. Et pour éviter d’être une monstrueuse exception en matière de prospérité, la patrie de Bio Guerra se doit effectivement de ne point occulter que la politique a cet avantage immense et cet intérêt unique et tellement exigeant qui l’oblige à faire avec le peuple, pour le peuple et non contre le peuple ou sans le peuple. Voltaire disait à juste titre que la patrie est l’endroit où l’on vit heureux. L’immobilisme actuel de ceux qui rêvent de diriger la patrie un jour est la posture la plus risquée pour la nation et ses citoyens. Pour ne pas continuer dans cette situation peu soutenable, les Béninois devront opter pour un ou des projets concrets lors des consultations électorales de 2015 et 2016. L’heure de vérité a donc sonné pour les acteurs de la classe politique nationale qui doivent faire des propositions et ne pas fuir les débats d’idées qui concernent l’avenir de la nation. Il serait utile que chacun sorte de son mutisme et fasse des propositions concrètes au lieu d’attendre le dernier moment pour quémander le suffrage des électeurs. A force de débattre et de proposer, il est possible d’aboutir aux solutions qui étaient jusque-là considérées comme introuvables. En vérité, c’est maintenant que le peuple béninois doit vaincre la fatalité. Ce qui n’est pas impossible. Vouloir c’est pouvoir.



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